Lettres à Divakar jusqu'à 2005

Cette limitation de l’âge, de la maladie, de l’usure, est intolérable ; voilà un être, une personne, dont la nature et le mouvement spontané sont jeunesse, progrès et continuité – même son corps exprime cet élan et cet équilibre interne : elle est belle, toujours, et claire. Mais dans son corps aussi sont les manifestations contraires : son dos s’est encore voûté ; l’opération a détruit une fois encore ses muscles abdominaux ; les substances qu’elle a dû absorber ont sapé ses forces… S’il n’y avait pas R là-bas, tapi dans son drame et attendant de se nourrir d’elle, empêchant les mesures les plus simples et les résolutions pratiques les plus légères, je ne me soucierais pas autant ; mais avec lui, et ses difficultés, dans la balance, il y a comme l’ombre active d’un désordre désolant, comme un goût de désastre qui la suit et inhibe ses propres facultés. C « déguste » ; et sa conscience est trop dispersée, trop poreuse à la formation ordinaire, et trop attachée aux symboles d’une sécurité extérieure et relationnelle… Les antibiotiques semblent avoir quelque effet sur l’infection pulmonaire, mais elle a mal dans tout le dos, s’essouffle beaucoup, et se sent très affaiblie. Il y a l’ « idée » qu’elle doit être « rapatriée d’urgence » afin d’être soignée dans de « bonnes conditions »… Note : Comme C ne se rétablissait pas, et qu’elle était trop inconfortable dans les conditions matérielles que je pouvais lui offrir à « Sincérité », nous avions demandé au Docteur Datta de l’Ashram qu’elle soit admise dans le « Nursing Home » ; malgré les règles très strictes de l’Ashram, par amitié Datta avait accepté. Datta a traité C pour une pneumonie. Les soins et la réelle gentillesse de tous les aides du Nursing Home, autant que le traitement médicamenteux prescrit par Datta, dans l’atmosphère si douce de ce lieu, ont permis à C de recouvrer graduellement assez d’autonomie pour pouvoir envisager son retour en France. Nous décidâmes alors que je l’accompagnerais jusqu’à Mumbai, dans le cadre d’un rapatriement organisé par « Europe Assistance » ; je ferais office d’accompagnateur pour ce déplacement. Nous partîmes au début du mois de Mars. Une chambre d’hôtel avait été réservée pour nous à Mumbai, où un docteur viendrait l’examiner, envoyé par la même organisation, pour s’assurer que C était en mesure de supporter le voyage de Mumbai à Paris. C avait plutôt bien réagi pendant le trajet en avion depuis Chennai, mais la fatigue l’avait rattrapée dés notre arrivée à Mumbai. Pourtant, dans la chambre d’hôtel, elle se sentit plus légère. Deux médecins sont venus et l’ont examinée : « lungs collapse » - crise pulmonaire aigue ; pas question qu’elle voyage ; elle devait être emmenée d’urgence dans un service de soins intensifs, s’il y avait quelque chance de la sauver. « Europe Assistance », par l’intermédiaire d’une Indienne Parsi de Mumbai, qui était venue nous attendre à l’aéroport, et avec qui j’avais déjà souvent parlé au téléphone, a tout de suite arrangé que C soit admise dans une clinique de luxe, « Lilavati Hospital » ; elle y fut transportée le jour même. *4-2-2001, Auroville : C’est une petite bataille de chaque moment…

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