Au sujet d'Auroville 2022-2025

existence légale, nous étions des « hors-la- loi » et n’avions d’au tre recours que de nous en remettre à la Grâce ; nous devions ainsi apprendre à définir, pour nous mêmes, dans notre diversité déjà évidente, un code de conduite qui serait notre référence impersonnelle assez fidèle et ouverte pour ne trahir ni par manque de responsabilité, ni par excès de rigueur. A ce propos, l’on pourrait s’interroger de nos jours : comment, d’un simple code de conduite en sommes-nous venus à cette prolifération insensée de règlements ? Mais ce ne fut pas de plein gré ; cette broussaille épineuse et souvent décourageante a deux sources : l’une est notre perte de confiance les uns dans les autres et la seconde a pour origine l’imposition par le Gouvernement de l’Inde de conditions très restrictives envers tout « étranger ». Et t rès probablement nous n’avons pas assez recherché leurs résolutions respectives. Maintenant, je vais aborder le sujet du Matrimandir, comme représentatif ou exemplaire des questions qui se posent à nous sur notre chemin collectif de progrès de conscience et de transformation, qui exige notre libération des déterminismes inférieurs et des exclusivismes dictés par l’agence de l’ego. Je vais ainsi suggérer que la voix de la majorité n’est pas forcément ni toujours celle de la plus haute et plus vaste vérité ; que, du point de vue de la Vérité une, vivante et entière, toutes les approches se valent et aucune n’est suffisante et qu’ainsi les correctifs de l’opposition demeurent indispensables si l’on ne veut pas tous à la fois tomber sous le joug d’une pensée un ique mortifère ; qu’il est de notre devoir, à chacun et à tous, de cultiver inlassablement un discernement de plus en plus réceptif et offert et une exigence toujours plus consciente du bon usage de notre bonne volonté. De plus, je suggère également que tout choix matériel implique une certaine vision ou compréhension de la réalité, du but à servir et des conditions à respecter pour y parvenir ; aucun choix matériel n’est anodin, puisque, contrairement à ce que nous sommes conditionnés à penser, la matière n’est nullement séparée. Par exemple, le choix d’un objet parmi d‘autres dira beaucoup de l’attitude de la personne qui le choisit envers les autres et le monde. Voici donc une autre scène et un autre arrangement de forces dans l’atmosphère d’Auroville, une dizaine d’années plus tard : nous – enfin pas tout le monde, ce n’était plus possible physiquement à cause du nombre, mais une coupe assez représentative des opinions ou points de vue existants – sommes réunis dans une salle d’un nouveau bâtiment dans l a « zone » industrielle, choisie pour son acoustique et ses dimensions. Le sujet est « brûlant » : il s’agit du choix final du revêtement de la coque du Matrimandir. C’est une bataille qui dure. Pour la situer, voici un court aperçu historique : d’abord il faut se souvenir que Roger A., « l’architecte en chef d’Auroville » s’était éloigné d’Auroville – pendant près de dix ans – depuis l’éclatement du conflit avec la SAS et que l’entière construction de la structure du Matrimandir avait reposé sur la diligence, la

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