2021 Défaire les murs et aller
Huitième vendredi
Que faire de ma honte de ne plus être assez belle ?
Le détachement, être libérée de l’image, dépouillé e de toute coquetterie ou vanité ou désir de plaire, tout ça est très bien – et ce n’est pas si difficile. Mais n’est -on pas aussi responsable de ce qui se manifeste par notre existence ? Si je suis en partie responsable de mes actes ou de mes choix, ne le suis-je pas également de l’état de mon corps, de l’harmonie qu’il exprime ? Et c’est une constante interrogation, car cela affronte tout sens de progrès. Les voix du monde sont unanimes : « cela a toujours été ainsi, il ne sert à rien de se plaindre, personne ne peut échapper aux saisons de la vie, la nature est ainsi, le monde est ainsi, à quoi bon cet orgueil inutile, on ne peut se révolter contre les lois de l’univers, pourquoi vouloir ce qui est impossib le, au lieu d’accepter avec dignité le sort qui nous est réservé… » Pourtant, je ne parviens pas à réconcilier cet état prévalent – et sa sagesse attenante – avec le sens même de l’évolution, à moins de souscrire au chemin du renoncement et de la libération finale, hors du domaine des formes. Oui, une acceptation de la réalité est indispensable, une acceptation gracieuse et bienveillante si possible, mais pas un renoncement à la possibilité de son changement, de son évolution : c’est là que je bute, encore et encore. Il y a ce sens inextinguible de ce qui est vraiment naturel, d’une vraie normalité, celle d’un progrès continu dans et avec le corps, C’est un tourment.
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