journal d'une transition

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Ces temps-ci je dois trouver un équilibre qui me demande de me donner plus et avec plus de confiance. Il y a Krishna, il y a bien sûr Diane, il y a C et R, le travail et la discipline corporelle, et les après-midi au Matrimandir… Il y a eu aussi les évènements relatifs à la prise d’un terrain stratégique par M.B et le groupe des « neutres » de SSJ, à l’entrée d’Auroville – et les fastidieuses réunions d’Auroviliens, incapables ensemble de se diriger ou de s’offrir à une action droite et directe… … Je dois m’occuper de C, qui est en difficulté physiquement ; la condition de sa colonne vertébrale s’était aggravée ces mois derniers, et j’ai trouvé de la peur dans son corps, et de la confusion, après qu’elle se soit aveuglément soumise aux formations des médecins et autres « spécialistes » ; alors nous travaillons chaque jour, et elle a pu acquérir une détermination de chasser la peur ; nous faisons des exercices ensemble, je lui donne des massages… Avec R, la relation est ouverte, et honnête… C’est agréable ! *24-1-1982, Auroville : Je crois que la seule aide véritable que l’on puisse s’apporter les uns aux autres, l’un à l’autre, est de voir simplement et de sentir sincèrement la présence du divin en chacun… Et pourtant, comme on oublie ce que cela peut être, comme on nie ou recouvre cette loi essentielle… … Aujourd’hui j’ai pu faire venir Birenda pour examiner C et m’aider à lui redonner confiance…

*26-1-1982, Auroville : Diane se ferme à nouveau…

Elle craint le moment où « les gens » sauront qu’elle attend un autre enfant… Je ne sais pas – elle est déjà si grosse – comment « ils » n’ont pas déjà compris… ! Ce matin elle a refusé de venir manger, et je l’ai retrouvée en larmes, dans la chambre…

*31-1-1982, Auroville : Un « incident » intéressant ce matin : c’est dimanche, et nous nous apprêtons à descendre à la plage, en taxi, quand on vient me chercher d’urgence ; F.Ga vient de tomber de moto, près de la Nursery ; un orteil arraché. Pas de drame mais, dans le corps, une détermination instantanée : je le met dans le taxi, et nous allons tout de suite à Jipmer ; je persuade le personnel des urgences de faire venir immédiatement un chirurgien ; l’opération a lieu ; l’orteil, qui était presque entièrement séparé, est remis en place… Il y avait cette tendresse entre nous, quelque chose qui transcende le temps d’une vie, et qui était libre, là, de s’exprimer… *3-2-1982, Auroville : Je ne sais pas vivre. Mon sentiment spontané est d’être seul, et disponible à ces moments gratuits d’une rencontre, d’un contact, d’un partage… Il semble impossible d’exister en toute sincérité, en toute honnêteté, dans l’atmosphère mentale générale, avec son cortège de « lois » et d’habitudes…

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