journal d'une transition
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… Our Coop meeting here this afternoon: with Fred back in it and Bhaga having just joined, the experience we had of such easy communication is now veiled and complicated, as if we had to start all over again… Diane comes late, straight from Al.B’s with the latest letter from Satprem; so we have now two letters, one “collective” and the other “personal”, written by him respectively on the 9 th and the 10 th … The first reads thus: « A propos de l’éviction des indésirables à Auroville. Il faut d’abord que la Coopérative soit officiellement ‘empowered’ du droit de décider qui peut résider à Auroville, non seulement pour les visas mais de façon générale. Donc attendre le verdict du Supreme Court. Il faut que ce droit soit absolument reconnu. 1- Les Aurovilliens représentés par la Coopérative doivent pouvoir décider de la qualité des membres de leur communauté. 2- Ceci obtenu, et en vertu de ce droit, ils pourront envoyer une lettre officielle collective aux indésirables en leur priant de quitter les lieux dans un délai X. 3- S’ils se refusent, s’ils ne se conforment pas à la décision collective, des méthodes plus directes pourront être envisagées. 4- Le tout est d’obtenir d’abord de l’Administrateur d’Auroville (ou de son chef), avec l’appui moral du Council International (par exemple, Sri JRD Tata) une reconnaissance explicite que le choix des résidents d’Auroville, passés ou futurs, est exclusivement soumis à une décision majoritaire de la Coopérative, et que cette décision peut toujours être remise en cause si les résidents acceptés ont une conduite qui cesse de se conformer non seulement à l’idéal moral d’Auroville mais à son code matériel, pratique : a) pas de possession personnelle ; b) pas de manipulations financières en dehors des ‘channels’ reconnus ; c) pas de profits commerciaux destinés à un usage personnel ; d) pas d’activités préjudiciables à l’unité d’Auroville ni de collusion avec les anciens ‘propriétaires’ d’Auroville ; e) pas de drogues. (Note dictée par Satprem à l’usage de ceux qui veulent bien l’écouter, 9 Mars 1981). » La deuxième lettre, adressée à Al.B, est donc datée du 10 Mars 1981 : « Alain. Tu es souvent dans ma pensée, bien que je n’aie guère le loisir d’écrire. Même aujourd’hui je suis obligé de dicter cette lettre à Sujata parce que je ne suis pas en très bonne santé. Tu es proche de moi, dans mon cœur et dans ma conscience. Je me soucie beaucoup pour Auroville depuis bien des années mais plus particulièrement ces temps derniers, parce que maintenant ce n’est plus tellement un ennemi extérieur qu’il faut affronter qu’une difficulté intérieure issue des egos humains – et s’il y a l’ego, il y a la graine de la décomposition. Tout le monde semble dire ‘moi, je pense’, ‘moi, je sens’, ‘moi, je crois’, etc.… Ce n’est rien que du vent mental désordonné. Mère a tellement dit : ‘Il faut se laisser aplatir jusqu’à disparition, il faut abdiquer la petite personne, sinon c’est la vieille ronde qui continue et continue…’ Je comprends bien que cet ego mental est nécessaire tant qu’il n’y a rien pour le remplacer mais au moins, à Auroville, un premier effort devrait être fait pour tenter d’écouter l’âme d’abord. Au lieu de se jeter sur la première impulsion venue, on pourrait essayer, chaque fois, à chaque occasion, de faire un peu de silence et d’essayer de faire appel à Mère, dans ce silence, et de comprendre ce que, Elle, voudrait. Sinon c’est la vieille histoire sans espoir. Certainement, le vieux système démocratique et majoritaire est un pis-aller qui doit disparaître dans le nouveau monde. L’idéal serait évidemment un gouvernement de sages : quelques personnes avec la vision silencieuse et sans préférences ni désirs. Nous ne sommes peut-être pas encore arrivés là. Mais il ne faut jamais oublier – je répète, jamais oublier – que c’est le vrai but et le seul salut, sinon c’est la course au pouvoir politique avec des petits egos grouillants et plus ou moins bien
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