journal d'une transition
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Kireet est venu me voir, seul, dans l’après-midi ; il est resté près de 40 minutes. J’ai essayé de lui communiquer l’essentiel pour le Matrimandir : ne pas choisir l’exclusivisme, ne pas céder, mais servir l’intégralité de Ton Rêve, et l’Equilibre de la base nécessaire pour l’évolution de la conscience. La fatigue demeure jusqu’au soir. *7-6-2002, Pondichéry : Bien que je dorme peu la nuit – ce sont des moments, des séquences -, ce matin je me sentais moins fatigué, et l’appétit revient un peu. Et, rétrospectivement, je suis fâché d’avoir été « faible » avec Kireet, de ne pas avoir été capable de me centrer dans une certitude plus puissante. Il y a comme une colère – comment peut-on être décentré, hypnotisé, dessaisi à ce point que les gens d’Auroville, que Kireet, choisiraient le rêve d’un homme, quel qu’il soit, plutôt que le rêve de Toi, le souhait de la Mère ? Où en sommes-nous ? Puis, je suis moi-même repris par ce vertige de dégoût, de refus, devant le fait physique apparent du « vieillissement » - et avec cette « expérience », cet « accident », c’est comme si j’avais perdu 20 années en quelques jours. La peau du corps est partout ridée, fripée, comme un sac vide, il n’y a plus de sève – c’est dégoûtant, et je ne veux pas traîner cette grimace à Ton service. Comment puis-je retourner au travail si je ne recouvre pas une harmonie physique suffisante ? Mais simultanément, quelque chose dedans, même dedans le corps, comme une petite joie, une sorte d’enthousiasme confiant, de rire – oui, c’est possible, et ce sera. On va se reconstruire, les muscles vont revenir, le corps va respirer, il y aura une harmonie, et cette harmonie sera peut-être supérieure, parce que plus consciente. *8-6-2002, Pondichéry : A peine de sommeil encore, dans la nuit ; mais je crois maintenant que ce sont les moustiques qui sont les plus responsables, et que je dois me résoudre à mettre une moustiquaire pendant la nuit. J’ai vu et senti, dans cette violente expérience, que je ne savais pas, que je n’étais pas prêt à « partir »… Que je n’étais même pas prêt à seulement considérer de reprendre un autre corps – choisir de nouveau des « parents », un milieu, un itinéraire… que je ne voulais pas : que ce n’était pas ça. Et qu’en même temps je n’étais pas plus prêt à entrer dans le « vieil âge », qui me parait un plus grand mensonge, quelque chose de si profondément et radicalement inacceptable… Que j’étais là, comme dans un étau, devant deux sortes d’horreur ou de contradiction. Que s’est-il passé réellement ? On pourrait penser à de la magie, en d’autres temps… comment expliquer cette destruction, cette volonté de nuire ? Et maintenant, je sens comme un appel dans une sorte de joie, de confiance, dedans le corps et la substance, de reconstruire, de manifester, de tendre vers, de s’orienter… Téléphone de C dans l’après-midi ; elle est bien. Je me souviens très bien de ma prière, je crois un ou deux jours avant l’opération…
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