journal d'une transition

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*23-5-2002, Pondichéry : Vijay essaie de me faire absorber de nouveau oralement des jus de fruits. Cela semble aider au début. Mais les gaz continuent de s’accumuler, et tout l’abdomen est tendu et gonflé. Vijay commence de s’inquiéter et arrange de me faire transporter à la clinique de Nallam où, dit-il, il y a un meilleur équipement et la possibilité de faire des tests plus recherchés. Bhaskar reste avec moi et s’occupe de moi tout le temps. Arjun et Deepti sont complètement présents. Je reçois des messages, de Gillian, de Shyama, de Menaig… Mais la condition s’aggrave, et je suis constamment au seuil de l’insupportable, comme un seul point d’endurance, de douleur, d’épuisement. *24-5-2002, Pondichéry : Les radios montrent une obstruction intestinale, et bien que je parvienne à évacuer des gaz, l’estomac et tout l’abdomen sont distendus, ballonnants, comme ceux d’un noyé. La douleur est constante, une sorte d’agonie. Et le terrible sens de dissociation de l’organisme, de séparation. Nallam est de plus en plus fâché que Vijay ne décide pas d’opérer – il me dit franchement que d’attendre plus est dangereux. (Mais c’est moi surtout, je crois, qui refuse d’être opéré dans cet endroit) Arjun et Vijay font venir Dinkar – (un autre ami chirurgien, en qui nous avons confiance, mais il ne peut venir me voir qu’en tant qu’ami, à cause des territoires professionnels). Dinkar estime qu’il faut opérer. Bien que personne ne comprenne la cause de l’obstruction, Dinkar trouve qu’il n’y a pas d’alternative. Deepti et Arjun me demandent : mais tout ce que je puis dire est que je n’ai plus de ressources, je me sens concrètement, absolument, à bout. *25-5-2002, Pondichéry : Par la Grâce de cet Amour tout s’organise : Datta accepte de tout cœur que Dinkar fasse l’opération dans le Nursing Home de l’Ashram. Je suis transporté dans l’après-midi. L’opération a lieu le soir. Deepti me dit plus tard qu’il y a 12 personnes qui sont là, à attendre, avec moi, pendant toute l’opération qui dure 1 heure et demie. Dinkar ouvre tout l’abdomen et retire plus de deux litres de pus. Comment cela s’est produit, reste un mystère. Je suis placé en chambre spéciale, que je partage avec Dayabhai.

*26-5-2002, Pondichéry : Commence une autre lutte. Et un autre devoir d’endurance.

Dans l’épuisement et la douleur je dois maintenant me concentrer vers la guérison et le rétablissement, et avoir la patience et l’endurance et la confiance et la détermination. Et la pureté et la sincérité.

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