journal d'une transition

98

*28-8-1974, Auroville : Toutes les attitudes que l’on prend lorsqu’on fait effort pour sortir de la conscience égoïste sont elles-mêmes toutes imprégnées de l’ego, de son sens séparatif, de ses fonctionnements de rejet ou d’accaparement et je crois bien qu’il est impossible de sortir de ce vaste piège aussi longtemps que l’on n’est pas devenu Toi avec assez d’intensité, Toi avec assez de présence, Toi avec assez d’évidence et de force pour que Tu puisses gouverner harmonieusement toutes les parties de l’être et les re- pétrir selon le rythme et le flot de Ta Vie. *6-9-1974, Auroville : C’est cette volonté de pouvoir, de suprématie, qui reste liée à mon être, à son progrès, comme une traîne d’obscurité, sa propre coulée de Nuit. C’est cette présence occulte qui attire dans les circonstances et les êtres la réponse ou la réaction du même degré d’obscurité ; et tout ce jeu est vu, progressivement compris par la lumière qui est au centre, par le regard. Et l’ego est dessus, dur et heurtant qui, dans la pauvre clarté saccadée du mental physique fait de toute chose une erreur, une déformation de la réalité. Mère, je touche le radeau avec mes mains, je le sens, je le sais, le reconnais, je me souviens parfois d’avoir toujours été cette conscience libre, juste, vaste et voyante, près de Vous, à Vos pieds. *11-9-1974, Auroville : Cette joie est revenue, plus forte encore, plus entière, ce sourire triomphant, se moquant de l’obscure petitesse qui s’obstine… Et pourtant j’ai pensé : « est-ce que la Force a vraiment le contrôle sur les décisions humaines ? »… Lorsqu’on connaît les éléments qui Te servent d’intermédiaires et que l’on éprouve leurs limites, alors il est moins facile de rester confiant. Mais cette joie vient me montrer, par sa riante certitude, que tout cela n’est qu’un piège de l’ego, un trucage sans profondeur et, aussi, une présomption. *13-9-1874, Auroville : L’inquiétude, la révolte, le rejet ne sont pas plus purs que le doute ; tous ces mouvements sont des armes employées par les forces qui se satisfont du monde égoïste pour garder nos consciences liées à la division, inaptes à vivre l’unité divine. Le seul mouvement de notre nature qui semble être digne de Toi est celui d’un amour qui accepte et embrasse sans rien retrancher, qui s’ouvre et se donne sans compter… Unification de tout l’être autour du psychique. *10-10-1974, Auroville : Quel que soit l’état de ma conscience, quelle que soit ma condition dans l’économie subtile, quels que soient les jugements des autres, si « haut placés » soient-ils, je sens que j’ai décidé irréversiblement de m’accrocher : plutôt brûler au cœur de la vérité et disparaître en trop de lumière que le lent cauchemar suicidaire d’être à nouveau rejeté loin de Toi, du Matrimandir… Je ne puis pas croire que je suis tout entier obscur, faux… comment pourrais-je T’aimer ?

Made with