journal d'une transition

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-1974–

*1-1-1974, Pondichéry : Je traîne ma peine à chaque pensée : ne serai-je jamais accepté ? O Mère, être moi-même… à Tes pieds. Apprend-moi, délivre-moi.

*9-1-1974, Pondichéry : Le singe. Toujours lui.

Lui qui jaillit au moindre regard, qui se regarde lui-même et se déniche dans le regard de l’autre, quel que soit l’autre… Lui cette omniprésence anti-divine, ce violent satisfait qui surgit comme une douleur affreuse avec son feu obscur et grimaçant, mais imbattable, insaisissable, incontrôlable… Lui que, je l’ai bien compris, j’ai si bien engraissé par le passé, possédé et malmené comme je l’ai été. Lui qui est peut-être plus installé dans mon être vital et ma conscience physique, un roi plus à l’aise, tant j’ai cédé et cédé toutes ces années, qu’à présent je ne puis être nulle part sans qu’il se réveille lui-même en tous ceux que je rencontre comme une étincelle courant sur une seule mèche ? Lui qui me tient par cette obsession sexuelle à laquelle je suis encore si bien ouvert. Lui, mon ennemi ? Et est-ce le seul ? Ce singe, dont mon corps même a pris la maladie qui, depuis quinze jours, a la gale ! Pour le moment je persévère. Je crois. J’attends Ton Aide. Ego encore clos, bien rond comme un refus poli et dur, j’attends que Tu agisses, que Tu délivres ma conscience. Que faire d’autre ? *10-1-1974, Pondichéry : Douce Mère, je vois que leur Mère n’est pas ma Mère et, pourtant, ma Mère est leur Mère. C’est encore la jungle. Mais la conscience est descendue dans la matière, on ne se tue plus comme avant pour des lambeaux de vérité ! Trouverai-je bientôt le vrai mouvement que Tu attends de moi, celui qui consacrera notre union, Mère bien aimée ? Ecarteras Tu un peu toutes ces barrières pour frayer mon chemin en Toi, à Tes pieds ? Mère, je ne sais pas, tout doit me venir de Toi. Je ne dois rien prendre, c’est vrai, mais où Te trouver ? Viens me chercher !

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