journal d'une transition

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*22-6-1973, Claouey : Qu’est-ce que la durée d’une vie humaine ? Est-ce la conscience d’immortalité qui presse ainsi ?

*3-7-1973, Paris : Si je regarde bien, je trouve que Tu es là et que Tu me fais incroyablement heureux. Chaque instant, Tu mets devant ma conscience la chose ou le mouvement qui sont contraires à Ta Présence ; ainsi il me suffit de faire à chaque instant l’effort nécessaire, sans plus s’occuper de l’instant suivant, ni même du résultat de l’effort… Qui a dit que la transformation serait difficile ou douloureuse ?... Ainsi, c’est tout le contraire, c’est une aventure merveilleuse, immense, comme le plus beau jeu qui soit déjà possible, une aventure qui porte en elle le fruit d’extase… *6-7-1973, Paris : Rien n’a de sens ; tout apparaît comme une énigme ou une impossibilité… Qu’est-ce que cette chimie de l’ignorance, cette chimie de l’ego, sur quoi repose-t- elle ? Il y a quelque chose que j’observe depuis longtemps : cet être vital inférieur, qui est un mensonge permanent et que rien ne semble pouvoir convaincre, ni même atteindre, tant il est « naturel » et si bien installé à sa place, un gnome accepté de tous, jouissant de toutes ses aises, cet être, pour peu que je ne sois pas vraiment concentré, jaillit comme un diable dans mes yeux dés que la lueur de sa présence apparaît dans les yeux de l’autre, ou simultanément – dés qu’il y a le moindre mensonge… Il semble être derrière tous les rapports humains, quels qu’ils soient, et il est le même en tous. Bien souvent, même chez ceux qui se donnent à Toi, je le vois dans leurs yeux. Bien souvent sa présence crue est recouverte des mélanges particuliers à chacun, qui font que l’on n’est pas exactement conscient de sa présence. J’ai cru noter que, selon le développement de l’individu, il se manifeste et s’exprime sur une gamme plus ou moins grossière de vibrations – du très vulgaire et bestial au violemment brillant -, mais que, dans son « essence » et sa « qualité » il est le même, invariable, immuable, royalement établi et se moquant de tous nos efforts et manoeuvrant beaucoup de ficelles. Je ne connais absolument personne ici chez qui, soit immédiatement, soit après une légère insistance, il n’apparaisse pas : il est là, tapi ou prélassé au-dedans, prêt à briller dans les yeux de chacun, assis énorme et satisfait devant une table chargée d’atouts faciles. Lorsqu’il y a dans l’être un certain type de sincérité vitale, une certaine aspiration, alors sa présence, lorsqu’elle surgit, provoque une souffrance ; mais d’une manière générale, c’est certainement lui qui occasionne et produit, sinon provoque, toutes les douleurs affectives et psychologiques de la majorité des hommes… Voilà. Je sans que sa conversion est la clé de beaucoup de trésors… Tu me fais comprendre que la transformation n’est pas changer quelque chose en quelque chose d’autre ; mais que chaque point, chaque mouvement, chaque élément, chaque force, prenne conscience de Toi et que sans Toi rien n’existe, que tout est Toi… Alors c’est Toi qui dois naître, Te manifester Toi-même en Toi-même, pour la joie de Toi-même, au rythme de Toi-même… C’est drôle à découvrir…

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