journal d'une transition

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Alors, c’est comme un être blessé en moi qui doucement ose relever la tête et sourire et croire, comme si j’étais caressé par la main d’un Ami qui ne me juge pas et me conduit et me montre la charge qui m’est échue. Mais cela ne vient pas dans la conscience extérieure. Là c’est le désordre, la confusion, un imbroglio de faux mouvements. *2-4-1973, Paris : Ce matin, la réponse de Satprem, très froide, quelque chose comme une trahison du rapport que nous avions eu. Je comprends que Tu veux que je m’en remette à Toi seule. Il me dit : « Seule Mère peut te dire si tu es prêt à revenir ou non. Ton travail sur « Savitri » est une excellente façon de rester dans l’atmosphère, à condition que tu le fasses pour toi, sans aucune idée de publication ni de résultat, sauf le résultat intérieur… ». Voilà. Cette lettre m’a semblé à côté, je ne sens pas quelque chose de Toi qui me soit vraiment destiné… Je ne pourrais jamais faire ce travail pour « moi », ça me dégoûterait… Je ne suis pas intéressé par mon propre progrès. Ce que je fais depuis le début, c’est de Te l’envoyer comme une offrande, en espérant qu’elle sera utile, comme tout travail que Tu me donnerais à faire si j’étais à l’Ashram. Mais je ne m’attache pas du tout à ce qui sera fait de ce travail, cela m’est égal. C’est dans cette mesure que j’ai pensé souvent que cela aiderait certains de pouvoir lire « Savitri » en Français. Et lorsque j’avais commencé ce travail, c’était venu en réponse à mon aspiration à être utile, à servir à quelque chose… *3-4-1973, Paris : J’en arrive à la conclusion qu’il faut, même si c’est seulement pour moi, que je continue « Savitri », parce que cela m’est nécessaire, parce que j’en ai besoin… Que vas-tu me faire encore accepter, Douce Mère ?! Sans Toi je serais une bête, sans autres désirs que ceux d’une bête… *5-4-1973, Paris : Douce Mère, depuis deux jours, Tu es en moi, comme si nous étions seuls dans Ta chambre. Mais je n’arrive pas à devenir silencieux et soumis pour T’écouter et T’obéir. Je voudrais pouvoir Te dire intégralement : « je m’engage à continuer le chemin, coûte que coûte, même si Tu me dis que Ta Volonté est de me garder éloigné et que je Te trouve et Te serve ici ou ailleurs et non à l’Ashram ou à Auroville… ». Et puis, quelque chose qui n’arrive pas à croire. C’est difficile. Aide-moi à comprendre.

Mère, je veux aller à Auroville.

*6-4-1973, Paris : Tranquillité, tranquillité… même si je suis sûr et voudrais crier de joie et de plénitude… Que le mental n’en profite pas pour moudre. Se préparer. « Les choses ne se réalisent que lorsqu’elles sont l’expression d’une vérité intérieure… ».

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