journal d'une transition

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Mais pour parvenir volontairement à cet état de conscience si différent, il faut faire un effort physique très soutenu pour transcender le vital et surgir dans cet enthousiasme que rien ne semble pouvoir éteindre dans sa propre conscience. Le vital est l’obstacle majeur à cette expérience, avec la peur, le désir et l’inertie. Ce que j’ai compris, c’est que l’éducation physique est seulement un moyen – le moyen le plus pratique dans l’état, justement, de notre conscience vitale – pour atteindre cette conscience du corps. Mais que la conscience du corps n’a pas grand- chose à voir avec l’état des muscles, la souplesse ou les divers résultats sportifs, quoique la plasticité du corps physique, ou sa faculté d’obéir tranquillement, soient très appréciables. La certitude du corps est, je crois, que tout est possible – absolument tout est possible ; je crois que ce qui ressemble vraiment beaucoup à la conscience du corps, c’est la conscience psychique. Toutes deux ont la même certitude du progrès et de la joie, de la lumière, toutes deux ont la même connaissance spontanée des éléments et des termes du progrès. Le vital semble être décidément le berceau du mensonge, de l’ignorance, la force du refus de l’Inconscient à la lumière, au progrès simple et joyeux de la divinité sur terre. Mais il sera converti, il collaborera, l’Inconscient sera compris et livrera son secret. Ici, au gymnase, il y a un jeune homme qui semble vivre spontanément dans cette conscience ; lorsqu’il trouve une identité dans l’autre, sans aucune préférence, ses yeux s’éclairent d’une joie qui est vraiment la joie du corps, que rien ne peut imiter ni tromper. Je le regarde maintenant comme un exemple de Ton Yoga. Aussi, je crois que le corps perçoit les autres corps selon une « psychologie » qui lui est particulière ; de même il peut y avoir des affinités entre les corps qui ne correspondent pas du tout dans les autres consciences de l’être. Je comprends un peu mieux maintenant, avec justement une sorte de mouvement physique, ce qu’est la position correcte. Cela se passe simplement : il y a une pression en haut ; je me recule autant que possible, jusqu’à ce qu’une aspiration réponde au cœur ; alors se forme une zone comme entre deux aimants et là je dois rester en Te sentant, constamment, et cela peut être très merveilleux. De cette position tout m’apparaît plus clairement, le vital n’a plus prise, je ne peux plus être projeté dans les attitudes, les activités et les singeries de l’ego. C’est comme si je comprenais enfin quelle porte Tu veux m’ouvrir. Quel moyen béatifique de progresser… !

*15-12-1972, Paris : Douce Mère, quelque chose en moi a le sentiment de l’irrémédiable… ! C’est bon signe !

*18-12-1972, Paris : Il y a cette nature de mal qui monte sans cesse et salit tout et bafoue et corrompt, qui n’a de respect pour rien… ; je veux changer, devenir beau, vrai, sincère, un guerrier d’amour et je n’ai pas de force, je ne peux pas me donner à Toi, je ne trouve au fond de ma nature qu’un refus obstiné qui me tire en bas ou secrète son mal dans ma tête et mes sentiments… A partir de la poitrine et jusqu’en bas c’est une masse qui refuse Ta Force et c’est une tension constante. Ce soir j’ai reçu une bonne lettre de Nata qui m’encourage à poursuivre la traduction de « Savitri ». Il me parle de la situation à l’Ashram et que Tu

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