journal d'une transition

39

entering your moony hand, bloody old race… griffonner des absurdités, poser des intentions de savoir, alors que seul le temps fait l’homme se mouvoir, percuté par la vitesse… j’aimerais pouvoir me situer dans mon empreinte de lumière afin de voyager tout au long des univers… Je crois quelquefois que si nous allions jusqu’à l’extrême possibilité prise dans l’idée de Dieu, nous nous regarderions et la vraie vie serait communiquée à tous… L’homme qui a atteint l’autre rive du schème bouddhiste est paradoxalement le seul à pouvoir considérer l’autre en vérité mais aussi le seul à ne plus participer à la vie en aucune manière ; s’il a passé au-delà, il ne peut concerner chacun qu’en tant qu’exemple du salut réalisé. Le fait d’exister reste une illusion et Maya subsiste en toute chose… Or, je ne crois pas que l’existence humaine n’ait pas à se réaliser communément – Ca ne va pas très bien… je ne suis pas content d’être seul, et pourtant je n’aimerais pas beaucoup ne plus l’être… j’ai envie de retourner au Maroc, d’y acheter une maison et de faire l’amour… Ce soir, c’est la pleine lune – « amar ». J’ai passé une curieuse journée. Au réveil, des versets du Coran étaient presque hurlés de par la ville, s’abattant depuis les minarets. J’ai pris un autobus pour aller à quelques kilomètres dans un village de la montagne. J’ai voulu marcher, mais plusieurs enfants se sont mis à me suivre en criant, le soleil embrasait leurs voix et le désir de silence et de quiétude me tenait… Plus tard, à l’entrée du chemin, une voiture s’est arrêtée, mais j’ai continué. Elle est revenue près de moi, et son conducteur m’a invité à monter. C’est un commerçant Syrien qui, comprenant que je ne voulais de mal à personne, m’a proposé de m’amener dans la montagne, du côté opposé. Après quelques minutes de conduite, nous avons marché un peu, puis nous sommes étendus sur la pierre, la plaine cernée de massifs devant nous. Il a semblé heureux de notre rencontre. Nous avons parlé un peu. Il est père de famille, il travaille beaucoup ; il aime la liberté. Puis nous sommes revenus à Damas, il m’a offert quelques gâteaux. Se plaisant avec moi, il m’a emmené de l’autre côté de la ville. « Conduis ? bien ? » « Oui, bien ». « Papiers, tu as ? » « Oui ». J’ai pris le volant et nous avons roulé longtemps dans le désert, vers l’Irak. Au retour, il conduisait de nouveau ; il s’est arrêté près d’une chaîne de montagnes et m’a demandé si je voulais marcher, j’ai dit « oui ». Nous avons gravi les éboulis d’une colline dominant les autres, il était essoufflé mais content. Désormais, m’a-t- il dit, il ira chaque vendredi marcher longtemps et regarder la nature. Nous nous sommes assis pour attendre le coucher du soleil. Des oiseaux se parlaient autour de nous. « Les hommes, quand liberté, comme oiseaux, pas fatigue, pas difficile… ». Nous avons partagé sa grande écharpe, car il faisait moins chaud. « Votre tête, belle. Pourquoi cheveux pas d’or, avec yeux bleus comme mer ? » en communion avec l’autre – et à dépasser la mort. J’ai envie de S.B., de son corps, et d’elle-même.

« Je ne sais pas » « Ah ! Malish… » Il m’a raccompagné, nous nous sommes dit au revoir, il était pensif.

Made with