journal d'une transition

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Je précisai à Maggi que je ne demandais qu’un mot, oui, ou non, et de faire savoir à Mère que, quelle que soit Sa réponse, je la prendrais comme Sa Grâce – il me semble que c’est à la suggestion de Maggi que j’ajoutai cette dernière donnée de ma requête, mais je me souviens y avoir adhéré de toute ma volonté, car je ne voyais pas d’autre attitude digne et décente et offerte. J’attendis longtemps dans la petite cour en retrait du Samadhi. Enfin Maggi revint de la chambre de Mère. Elle me raconta ceci : qu’elle avait posé ma question à Mère ; que Mère s’était très longtemps concentrée ; puis que Mère avait demandé à Maggi : « Il a bien dit que ce serait une Grâce ? » Maggi confirma qu’en effet, c’est bien ce que j’avais dit. Mère Se concentra encore un long moment, puis Elle prit un petit bout de papier, sur lequel Elle écrivit : « Non » Maggi me tendit ce petit papier et je sortis dans la rue, débordant d’un chagrin qui me fit sangloter longtemps, seul et nulle part sur ce trottoir, jusqu’à ce qu’un ami, F.Ga., m’y trouve. Cette journée s’achevait et c’était comme s’il n’y avait plus de sol où poser le prochain pas. Alors je m’en suis allé jusqu’à la digue, devant l’océan, où je savais pouvoir retrouver Satprem. Je le rejoignis là et m’assis près de lui, déchargeant un peu ma peine. Il me dit : (« C’est quand tout va mal que le yoga va le plus vite… crois-moi, j’en ai l’expérience !!! On se reverra… ! ») Ces mots de lui me permirent de tenir : « On se reverra »… Les choses s’arrangèrent pour mon départ. J’obtins une extension limitée de mon visa. Un jeune menuisier Français, G., avait décidé de repartir en France avec sa petite voiture, une « 2 Chevaux », laissant à Auroville tout son équipement, et cherchait un compagnon de voyage. Mais comment pourrais-je repartir sans La revoir ? Dans la maison que je louais dans le quartier musulman, M’zali (que Mère nomma « Krishna » plus tard) venait souvent dormir ; notre amitié était très puissante, presque éprouvante par son intensité et la force qui nous unissait nous propulsait parfois dans des domaines inattendus. C’est ainsi qu’une nuit j’eus l’expérience de descendre avec lui, à grande vitesse ; dans une région du subconscient profond, et nous étions tous deux comme entourés d’une lumière intime et chaleureuse, mais le choc de la descente brisa comme une limite. Quand je revins à l’état de veille, j’eus la sensation que quelque chose s’était produite avec le sachet de bénédictions que je portais scellé dans mon médaillon. Je l’ouvris et trouvai le sachet calciné. C’est le lendemain que je devais voir Mère. Je pris avec moi une coupe d’argile que, sur le chemin, je remplis de pétales jaune d’or de « Service », y déposant une fleur corail vermillon d’ « Amour Divin » et quelques fleurs, roulées comme des coquillages d’un bleu profond et lumineux, de « la Conscience de Radha ». Je priai Nata de demander à Mère si je pouvais La voir avant de m’en aller. Mère lui donna la date du 10 Mai.

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