journal d'une transition

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une vie nouvelle, une création nouvelle, une réalisation nouvelle. La joie doit s’établir d’abord dans la conscience, ensuite la transformation matérielle aura lieu, mais pas avant… … C’est avec l’adversaire que la souffrance est venue dans le monde. Et c’est seulement la joie qui peut le vaincre, rien d’autre – le vaincre définitivement, finalement. C’est la joie qui a créé, c’est la joie qui accomplira. » *10-10-1976, Auroville : Pour le moment j’ai l’impression d’apprendre à vivre sur le haut de la vague ; le travail et l’activité m’aident à m’y hisser et la constance me permet d’y rester en équilibre. C’est ainsi que j’ai l’expérience de la joie – la joie d’être uni à un rythme de progrès, de s’oublier et de servir. Mais ce n’est pas un bien réel, ce bien qui est sujet à se changer en son contraire… *19-10-1976, Auroville : C’est drôle, la seule chose qui semble exister réellement en moi est cette gratitude pleine, entière, d’être ici, que ce soit vrai, près de Matrimandir, ici, dans Ca – de pouvoir aimer Ca, les arbres dans Ca, le ciel dans Ca, Matrimandir dans Ca, et Te faire mon offrande physique dans Ca… cette gratitude qui touche à l’extase quand je suis rendu conscient de Ta Force… Et c’est tout. *22-10-1976, Auroville : Est-il possible, O Divin, Réalité, Toi, quoi que Tu sois, est-il possible de devenir vrai, pour de bon, entièrement, sans déficience, sans insuffisance, sans déséquilibre, est-ce possible de Te réaliser totalement ici même, libre de toutes ces maladies, ces distorsions ? Je ne sais pas la réponse. La seule réponse est : Sri Aurobindo – Douce Mère… Qui ne garde quelque part une étroitesse, une dureté, une vieillesse ? Qui EST ? Et quand je relis certains de Tes mots sur Auroville, je ne peux plus les accepter pour « toute la vérité »… Ils ne sont pas un absolu, comme l’ego qui s’y attache le prétend. On ne peut plus se servir de Tes mots, on peut seulement Te trouver directement, par l’union de la substance. C’est tout. Le reste, tout le reste, équivaut à une faillite. *23-10-1976, Auroville : Il y a des retournements soudains où, d’une heure à l’autre, les regards qui étaient proches se durcissent et se serrent, le souffle se précipite, les gestes se glacent. Dans notre marche la moindre réaction négative ouvre la porte à ces ruées qui divisent et creusent des abîmes entre les êtres… Oh l’amitié, la vraie amitié est une flamme forte et pure qui ne peut jaillir que d’un être entier et uni. Le quotidien est chaotique. La sincérité est la seule protection.

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