journal d'une transition

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compréhension directe, spontanée ; je crois, je reconnais, mais ce n’est pas Ta certitude vaste et vibrante. De même quelque chose m’empêche de pénétrer plus profond dans le cœur pour connaître la vérité ; comme s’il me manquait quelque force de propulsion pour établir le lien conscient, ouvrir le canal de lumière et de présence… Auroville d’aujourd’hui est bouleversée : ceux à qui elle s’est donnée sont divisés et impuissants devant le rythme du temps. Je ne crois pas que le mental puisse savoir, aussi nous faut-il continuer comme des infirmes et cultiver notre foi et nos éclairs d’intuition en attendant la vraie conscience, et priant de toutes nos forces et de tous nos actes qu’Auroville ne soit pas trahie. L’ego divise et morcelle la vérité. Tant que l’ego subsiste, la vérité ne peut pas gouverner.

*28-11-1975, Auroville: And, from heavy sleep to restlessness, The days and the nights go by, With flashes here and there Of light.

*20-12-1975; Auroville: Je vois bien maintenant que les choses sont très simples : On est, individuellement, dans le mensonge, dans l’ignorance, dans la fausse vie aussi longtemps et autant que l’on est conscient de soi ; et on est dans la vérité, on existe réellement, autant que l’on est conscient de Toi, plongé, absorbé, concentré dans la conscience de Toi, de Ta Vie, uni aux rythmes de Ton cœur… Et cela ne trompe pas, on ne peut pas tricher, on ne peut pas imiter cet état, c’est la seule chose que l’on ne peut pas imiter : c’est la vérité. *27-12-1975, Auroville : L’activité, le travail, emplissant tout le jour et même, parfois, les rêves de la nuit, sont comme un grand et puissant cheval qui m’emporte à travers tous les obstacles vers une conscience et un état d’être plus éclairés ; je comprend maintenant, par expérience, ce que signifie la purification des énergies.

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*Notes sur l’artisanat.

L’artisanat était pour moi depuis des années une part importante de l’harmonie dans l’existence physique ; j’aimais particulièrement tisser, pour le rythme, la concentration, l’espace de réflexion active et tranquille, le mouvement régulier comme celui du monde, comme pour la beauté, le langage des couleurs, l’utilité profonde de l’acte ; j’avais aussi beaucoup travaillé le cuir, en confectionnant des sacs, des couvertures de livres, des étuis, pour les uns et les autres autour de moi ; et j’aimais beaucoup tisser des perles, et combiner ces deux ou ces trois techniques pour réaliser des objets qui devenaient alors des compagnons.

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