journal d'une transition

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*29-10-1975, Auroville : La confusion demeure tout autour, tel un mouvement de vagues qui obscurcit – mais la joie reste, même dans le noir : s’ « ils » croient qu’ « ils » pourront longtemps Te bafouer… « ils » ne font que Te servir !

*4-11-1975, Auroville : Souvent, le jour, monte cette joie, cette gratitude joyeuse du corps, roulé par les vagues et jeté sur le sable encore et encore, riant de bonheur, épuisé et humble, couché heureux sur le corps vaste, le corps brutal et doux et total de la Matière, le corps de la Vérité. Ce bonheur d’être et d’aimer ici, dans le corps, dans la matière, retrouve maintenant sa réponse, son pareil, sa source, sa plénitude, sa raison d’être. Mais c’est lent, cela prend du temps, c’est entrecoupé d’inconscience, de laideur et de pauvreté d’être, et parfois cela semble aspirer vers une autre position, une autre conscience, également dans la vie et dans la « mort », ici et au-delà d’ici… *6-11-1975, Auroville : Il y a la conscience d’être unis, de se connaître par identité, de marcher sur le chemin dans cette douceur et cet amour profonds… mais cela est difficile à vivre physiquement ; il y a comme la nécessité de passer seul au-delà de l’ego, d’oublier ses propres rancoeurs et exigences et, puisant à Ta source, de trouver la vraie capacité d’aimer ; il y a, enfin, le geste continué de la vie qui se donne et se perd et puise en elle-même et se mélange à nouveau, comme sans mémoire et toujours neuve, pénétrante et englobante, mouvante, intarissable… *11-11-1975, Auroville : Dans ces actions qui sont prises actuellement à Auroville j’ai cherché à percevoir la lumière ; j’ai seulement senti que quelque chose de nécessaire, à quoi nul n’était capable de donner la forme juste, était en train de se faire et que c’était en relation avec l’action de Ta Force… Une chose que le travail ici nous apprend est ce qu’est la consécration : pour que la consécration se réalise il faut d’abord atteindre un certain équilibre qui permette la paix dans l’action. Ne pas céder d’un côté aux mouvements de dépression, de retrait chargé, de mauvaise volonté, d’insatisfaction de soi, de tristesse ou d’abandon et, de l’autre côté, ne pas utiliser l’énergie que l’on reçoit d’une manière dévorante, accaparante, dominatrice ou avilissante, désordonnée, abusive. Et lorsque parfois l’on entre dans ce juste équilibre, alors, en même temps que le repos dans l’action vient la conscience de la consécration : et c’est la véritable Utilité. C’est alors, alors vraiment, que l’on Te sert. Mère, chaque fois que je dis « sincère » cela prend un nouveau sens ; il n’y a pas de limites à la compréhension de la sincérité.

*23-11-1975, Auroville : C’est comme si je touche la limite de l’univers mental, comme si j’effleure la surface de la coquille, percevant l’immensité qui l’entoure et la baigne, mais incapable d’y surgir et de m’y mouvoir. Je sens, je devine la vérité, mais je n’en ai pas la

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