Un Parcours

remportée par leur loyauté, leur engagement, leur certitude d’une existence consciente indépendante de ces formes et de cette réalité « matérielle » ? Il y avait tant d’éléments que je ne pouvais saisir, et tant de coïncidences « karmiques » (ainsi le père de Dianne était mort le même jour, des années plus tôt). Tous les deux, Dianne et Janaka, chacun et ensemble, avaient de lourds fardeaux et cette vie de Dianne à Auroville avait été dramatique, depuis la mort de son premier enfant jusqu’à ce jour. Mais elle m’avait été une sœur, c’était presque aussi physique qu’intérieur, comme elle aurait pu être une compagne si nous ne nous disputions pas autant, une sœur pour tout partager, tout affronter, pour rire et offrir et « marcher » (malgré cette paralysie maudite qui l’avait affligée toutes ces années). Je ne les laisserais pas. Je devrais trouver les moyens d’accomplir leur offrande. Mais, tout de suite, je dus m’occuper des préparatifs, instruire Jagannathan de construire les deux cercueils, et les hommes de creuser une tombe sur un tertre à mi-chemin entre Ravena et la hutte ; les deux corps (celui de Dianne emmitouflé comme une momie) furent déposés dans la plus grande pièce de Ravena afin que tous puissent venir leur rendre hommage et l’enterrement fut fixé pour l’après -midi même de ce 15 Octobre et ce furent Larry et moi qui descendirent dans la fosse et y déposèrent devant leurs cercueils une ancienne peinture de Krishna jouant de sa flûte ; puis nous les recouvrîmes de terre. Une chose m’apparut singulière : ceux qui avaient quitté leur corps récemment avaient chacun dû le faire en-dehors d’Auroville : Gundolf , puis Ruud, à Yercaud, Janaka à l’Ashram et Dianne sur la route de Jipmer : comment le comprendre ?

260

Made with FlippingBook flipbook maker