Un Parcours

Je me rendis à l’Ashram, me joignis à la ligne silencieuse des Ashramites.

Le cœur s’était arrêté à 19.25. « Ils » avaient, dans la nuit, porté Mère hors de Sa chambre. L’avaient descendue, déposée sur un petit lit recouvert d’une fourrure synthétique blanche, sous une alcôve revêtue d’une feuille de métal argenté, rendue encore plus chaude par les projecteurs électriques. « Ils » avaient installé des ventilateurs et placé des soucoupes de camphre, et l’air était parfumé de l’eau de Cologne qu’Elle aimait utiliser. Et depuis ce moment jusqu’au 2O la foule défila inlassable, sans répit, jour et nuit, dans la chaleur immobile, sans un mot. Aucune de Ses instructions n’avait été observée. Mais Elle absorba tout le drame, et fit l’impossible, jusqu’à insuffler une sorte de joie tranquille ; certains des petits enfants d’Auroville disaient, presque en chantant, « Mère est dans nos corps !!! »… Mais quels mots pouvait-on même penser ? Nos sentiments mêmes étaient une insulte, tant ils étaient déplacés, hors de propos. Rien en nous n’était à Sa mesure. Nolini pourtant fit distribuer une déclaration. Qui disait peut-être quelque chose et peut-être ne disait rien. Comment pourrions-nous le savoir tan t que nous ne serions pas unis à Elle, conscients d’Elle, dans le corps ? Trois mois plus tôt, Mère était sortie sur Son balcon, le soir du 15 Août, pour la Fête de Sri Aurobindo. Tenue par Pranab, Elle avait marché jusqu’à la rambarde, qu’Elle avait saisie de Sa main si forte. Il pleuvait. Elle avait « regardé » quelques moments. D.D avait pris quelques p hotos d’Elle, là, et m’en avai t donné des copies. Maintenant, Son corps était devant tous, plus assis qu’allongé, le dos soutenu par des coussins de satin blanc, la nuque penchée en

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