Un Parcours
La réponse de Mère me combla.
Les dates furent fixées et je me rendis à Bombay pour y accueillir Colette, venue seule finalement (je crois que Marie-Françoise avait songé à l’accompagner, mais s’était abstenue). Je réservai une suite au grand hôtel luxueux de Taj Mahal, voisin de la grande Porte de l’inde au bord de l’océan indien ; je tenais à ce qu’elle ait tout le confort et l’espace nécessaires pour cet atterrissage dans l’inconnu redouté. Nous y restâmes deux jours, le temps pour elle de reprendre son souffle, de réaliser concrètement qu’elle était en Ind e, avac moi, et que nous allions ensemble nous rendre à Pondicherry, où j’avais trouvé ma voie. La maison d’hôtes qui avait été choisie en premier lieu se révéla presque insalubre et, par Françoise, Mère donna des instructions pour que Colette puisse être logée chez Redge, un adorable et généreux monsieur d’origine hollandaise, je crois, qui tenait une maison d’hôtes à merveille, avec beaucoup de goût et de soins, et qui de suite se déclara garant de tous ses besoins ; c’était aussi un excellent cuisinier et chaque chambre avait tous les conforts possibles. Il y eut de rudes journées pour Colette, qui peinait à accepter ce qu’elle ne pouvait encore qu’interpréter comme une sorte de religion, centrée sur une personne humaine ; rien dans sa vie ne l’avait préparée à une telle éventualité et tout ce qu’elle avait appris et compris et intégré lui semblait incompatible avec ce qu’elle observait à présent ; pourtant elle avait confiance en moi et pouvait constater que non seulement notre relation était indemne, ma is que j’avais évolué, sans pour autant me dissoudre ou me renier.
Je l’emmenai ici et là, elle rencontra telle et telle personne, s’habitua un peu au climat – la chaleur de fin Mars était déjà
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