Un Parcours

J’apprenais de chacun par petites touches de couleur, par impressions diverses, il y avait une circulation entre tous les êtres présents. Bien que nombreux étaient ceux à l’Ashram et parmi les nouveaux arrivants qui parlaient français, je pratiquais l’ anglais chaque jour un peu plus et je commençais à lire, lire Sri Aurobindo – lire comme un affamé et je dévorais aussi les « Entretiens » de Mère enregistrés au terrain de jeux dans les années 50. Je retrouvais et découvrais à la fois un milieu de conscie nce qui avait du sens, où l’on pouvait progresser. Avec la découverte intérieure, l’on devient très sensible à la besogne de l’ego, de ce procédé séparatif de formation que l’on avait cru indispensable et irremplçable ; parfois l’on en devient trop critique, car chaque mouvement est comme tiré dans la lumière et quel mouvement n’est pas investi par de l’ego ? J’avais toujours éprouvé un grand besoin de beauté physique et d’harmonie, besoin que le corps exprime cette beauté, cette harmonie, et soit libéré de toutes les taches et les insultes de la vie, mais je me demandais si ce n’était pas surtout une sorte de narcissisme qui m’occupait ; ainsi j’en écrivis quelques mots à Mère : « Mère, est-ce égoïste, est-ce inutile que de vouloir le corps, l’image, clairs, vivants, lisses, exacts ? Que de vouloir ouvrir le physique et l’image afin qu’ils transcrivent dans le ur propre harmonie posée, formelle, la lumière encore immanente ? J’ai l’impression que je ne pourrai aller réellement plus lon, plus haut, plus complètement, que lorsque cette frontière, qui est le véhicule ici, sera assez perfectionnée pour attendre dans une danse calme que tout l’être se réalise. Il y a à mes yeux, dans l’apparence individuelle, comme un langage pur, presque

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