Un Parcours

Ses chambres ; Françoise impeccable et fière et gracieuse à la fois, portant haut sur sa nuque son chignon noir, vêtue d’une longue robe fourreau sans manches en organdi blanc, avait disposé sur un plateau devant elle tout ce qu’elle apportait à Mère , prête à se relever d’un seul mouvement harmonieux ; il s’était mis à pleuvoir des trombes ; Fabienne, tranquille et souriante, ne disait mot ; il devait y avoir de la tension en moi, mais aussi comme une sorte de franchissement, comme de retrouver une autre dimension, une dimension de soi plus importante, plus profonde, plus réelle. C’est Champaklal, je crois, qui vint sur le seuil de la porte nous faire signe que c’était notre tour ; j’entrai après elles, et vins m’agenouiller entre elles devant Mère, qu e je découvris alors, sise sur son petit fauteuil, des tablettes surchargées de fleurs et d’objets divers de part et d’autre ; Champaklal se tint à sa gauche, je crois ; Douce Mère me sourit – je réalisai alors sans y penser que cet entretien était conditionné par les besoins de Fabienne, sa « petite, petite fille », enfin, c’était la famille et les échanges seraient ordinaires et bienveillants… -, puis Elle me demanda « c’est la première fois qu’on vient en Inde ? » avec une inflexion comme pour dire qu’Elle savait au sujet de ma première tentative… ; puis Elle dit encore « on vient pour le soleil, et voilà… » indiquant la pluie par les grandes fenêtres placées comme une baie continue le long des murs de la chambre, au dessus des cabinets de bois poli… : puis, je ne sais plus, Elle et Françoise et Fabienne durent échanger quelques paroles, et il était temps de repartir et, au moment de m’é loigner, Mère ajouta, en me vouvoyant, « si jamais vous voulez rester ici… », sans terminer la phrase. Nous ressortîmes et je ne sais pas dans quel état je me trouvai, mais tout se confirmait.

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