Un Parcours

souvent jalouse et intrépide et fidèle à sa manière, quoiqu’il arrive. Mais il y avait aussi quelque aveuglement en elle, qui la porta quelquefois à jouer un rôle ambivalent, ou à canaliser une adversité envers ma personne physique : quand elle était près de moi, on aurait pu aussi bien afficher « danger », même si elle aurait tout fait pour me contenter. Il y eut Sandro Mihran, un homme très typé, très tranquille, magnifique, sa peau comme de l’ambre, d’origine anatolienne ou arménienne je crois, qui vécut plus tard au Pérou ; notre rencontre fut douce et confiante et nous nous retrouvions parfois dans un appartement appartenant à un cousin de René sur le Boulevard Saint-Germain, bondé de meubles antiques et de tableaux ; nous parlions peu, ce n’était pas nécessaire, c’était comme une échappée de tendresse conciliante et reconnaissante, libre de toute demande. Il y avait Emil Cadoo, un photographe noir-américain, qui avait souhaité trouver avec moi un couple stable, sans oser vraiment le déclarer – ce fut le seul homme que je laissai me pénétrer, pour son honneur. Nous allions parfois en voiture jusqu’à la mer, ou nous retrouvions dans son studio, à Saint-Germain également. Il naviguait dans un milieu dont je ne connus que les orées (surtout des gens de son métier et des modèle au physique extraordinaire, ainsi cette jeune Africaine presque d’ébène, si grande et souple comme une liane et si naïve dans ce monde ; c’était plutôt moi qui l’emmenais en vadrouille et parfois pour une virée en voiture jusqu’à la mer ; il était disponible et plus convivial que je ne le serais jamais.

Voici quelques photographies par Emil

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