Un Parcours

Photographie par Ode

Nous fîmes bientôt quelques voyages ensemble, en Afrique du Nord ; c’est au Maroc qu’elle me perça les lobes des oreilles et que je portai mes premiers anneaux ; elle était d’apparence plus arabe que juive, contrairement à sa sœur, et cela nous valut parfois de sévères réprobations – comment une femme arabe osait- elle se comporter ainsi, s’exposer en compagnie d’un infidèle ! -, mais elle savait parler avec respect et intelligence et, même dans le Sud du Maroc, dans la région de Ouarzazate avec ses fortins de terre rouge, nous reçumes souvent l’hospitalité de ces gens silencieux et nobles. En Algérie une autre fois, je me souviens d’être comme aspiré par l’approche du désert, alors que nous roulions à l’avant d’un gros camion dont le conducteur nous avait pris en pitié - loin de tout sur le bord de la route -, ouvrant tout grands mes yeux vers les dunes enfin se profilant contre le ciel de fonte et, un peu plus tard, ébloui par les remparts ocre de Ghardaïa. Ces dunes et ce désert étaient changeants, selon la constitution des sols je suppose, i l y en avait de sombres, d’un bleu de nuit, il y en avait de grises et d ’orangées, rosissant au soir ; j’aimais le rythme des humains, pour la première fois je découvrai la possibilité concrète d’une harmonie des corps, ces grandes robes blanches, ces tein ts

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