Un Parcours

Dans la foulée, plusieurs nouvelles rencontres se sont produites, avec des êtres plus adultes, en tous les cas plus âgés que moi (je paraissais aussi un peu plus avancé que mon âge réel) ; je fis connaissance avec les us et coutumes, c’était une sorte d’apprivoisement un peu hésitant, mais l’intensité en moi me faisait marcher et intégrer toutes ces expériences. Comme j’explorais déjà les lieux favoris – comme « La Coupole » à Montparnasse et, un peu plus tard, « Le Flore » à Saint Germain des Prés, on me trouva même un petit boulot de journalisme, dans une revue nouvellement fondée par d’Astier de la Vigerie – ça ne dura pas, mais j’eus quand même droit à un bulletin de paye. Il y avait, très présent durant dette transition, un homme de dix ans mon aîné, Gérard Faure, qui s’était épris de moi avec toute sa tendresse et son espoir, mais beaucoup de respect aussi et d’attention ; il me retrouvait à la sortie des classe s, jusqu’à ce que je quitte le lycée et cette avenue de « développement ». Et Colette et Paul, qui connaissait une femme agrégée de lettres qui était prête à agir auprès de moi comme une préceptrice à l’ancienne, Marie - Françoise Moretti, m’ont invité à la rencontrer , pensant que ce serait une approche plus motivante et intéressante du savoir ; et ils ont eu raison, car s’est nouée entre cette femme et moi une belle amitié ; elle était passionnée de la culture de la Grèce antique et, avec un sens de l’humou r irrésistible, rendait toute l’histoire de l’Occident intéressante ; elle s’était plus ou moins retirée de l’Education Nationale et souffrait presque constamment des séquelles d’une chute de montagne spectaculaire, des années plus tôt, qui lui avaient presque arraché une jambe ; elle boîtait beaucoup, avec panache, et devait combattre la douleur jour et nuit ; elle avait renoncé à se marier, mais avait adopté deux adolescents en difficulté – l’aînée,

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