Un Parcours
Jean Luc Godart, qui tourna plus tard le film « La Chinoise » avec lui et Anne Wiazemsky.
Désormais les lieux de séjour se diversifiaient considérablement : il y avait toujours, évidemment, la Bretagne – la maison de pierres près de Saint-Briac - ; il y avait les maisons des Philip en Provence, où je pouvais mieux connaître mes petits frères et sœur – nous y fîmes ensemble une représentation du Petit Prince pour la famille assemblée ; celles de la mère de Francis à Claouey où j’apprenais à communiquer avec le tout dernier, Olivier , et à faire de la voile sur le Bassin; la maison de Paul Bloch-Laroque, le meilleur ami de René, de descente juive lui aussi, qui s’était épris à jamais de Colette, un médecin d’une famille un peu huppée, mais très libre et généreux, au cœur vivant, père de famille en quête de se ns, qui m’a toujours aidé sans question ni condition quand il l’a fallu, sa maison donc, près de Sainte -Maxime sur la côte méditerranéenne, où j’appris le ski nautique. Il y avait aussi les randonnées dans la voiture ouverte de René, qu’on me laissait conduire de plus en plus souvent, au cours desquelles René pouvait nous impressionner par la richesse et l’éclectisme de ses amitiés, que ce fut à Ramatuelle, ou sur l’île de Léo Ferré en Bretagne. De mon côté, le monde, ou le domaine des relations, se révélait, tandis que je me mettais à lire avidement et à écrire aussi, pour donner une sorte d’existence à mes perceptions ; je ne pourrais pas désigner exactement des auteurs favoris, je lisais tout un peu à l’avenant, mais il y avait certainement Bla ise Cendrars vers le haut de la liste, peut-être aussi Lawrence Durrell ; je m’ouvrais à la musique classique, Vivaldi et Bach surtout. L ’entrée dans l’adolescence soulevait tout le terrain et il me fallut traiter plus intimement avec cette double orienta tion que j’avais
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