Un Parcours
Il nous fallut les accueillir et bien les accueillir et leur montrer dans le quotidien que nous avions assez de jugeote pour nous organiser dans presque tous les domaines. Mais nous dûmes pourtant attendre jusqu’en novembre 1982 pour que la Cour Suprême confirme la constitutionalité de cet Acte de Parlement. Les exclusivismes et les jugements semblaient prospérer, surtout parmi les français et les « adeptes » et fidèles de Satprem ; j’aimais Satprem, inconditionnellement, et son travail avec Mère était un trésor inestimable, la nourriture pour le chemin ; mais je lui en voulais souvent d’avoir semé ces cailloux de d iscorde et d’ostracisme qui nous éloignaient de la position nécessaire ; lorsque Michel D., un gars que je trouvais intègre et dédié, fut l’objet de virulents reproches, j’en écrivis à Satprem, car enfin Michel essayait de servir la « cause » et voilà ce qui lui arrivait à lui aussi ! Satprem me répondit, et pour une fois, sa réponse redressait les balises : “23 Août 80. Divakar, j‟ai senti l‟affection de ta lettre. Auroville est un long chemin, ce n‟est pas une ville. Il y a des creux, des bosses, des oui, des non mais on y va. L‟important c‟est de marcher – pas d‟avoir „raison‟ (ni tort). Les raisons, à vrai dire, on s‟en fout, et les torts aussi – ni les uns ni les autres ne mènent là. Quelles que soient les excellentes raisons contre M, je n‟approuve pa s les raisons – ce sont des histoires et des raisons de bigorneau ou de n‟importe quoi sur deux pattes. Mais nous allons ailleurs, n‟est -il pas vrai ? Je crois d‟ailleurs que les torts aident beaucoup plus que les raisons à aller „ailleurs‟, tout compte fait. Pouvez- vous lire le cœur de l‟homme ? J‟ai horreur des juges, dans n‟importe quelle langue, et si par -dessus le marché ils se couvrent des prétentions de l‟avenir, alors ils deviennent nauséeux – flûte, passons la porte, oui, et quand nous serons de l‟autre côté, nous comprendrons mieux… et nous ne jugerons plus rien du tout ! Nous verrons. En attendant, allons- y, sur cette longue route d‟Auroville et nous ne sommes pas trop de tous les frères pour faire ce
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