Un Parcours
De la sorte nous nous habituâmes à un cadre plus « civilisé » ; Colette a toujours gardé le complexe de manquer de culture et d’éducation et voilà qu’elle vivait désormais parmi des signes et expressions de l’élite. J’avais pourtant aperçu un peu de bourge oisie du côté de l’autre grand -père, le père de Francis, Jacques- Henri, dont je demeure incapable de définir l’occupation (quelquechose en rapport avec une banque, il me semble) ; cet homme aimait son confort ; il était champion de golf et goûtait les cout umes et les usages d’une existence rondement menée ; lui et la mère de Francis, Renée, une minuscule bordelaise également un peu bourgeoise mais secrètement fantaisiste, avaient vite divorcé et il s’était remarié avec une femme beaucoup plus jeune, très éprise de son maintien corporel et d’un certain niveau de vie, et ils avaient eu deux enfants, Guy et Maxie, qui étaient donc presque mon oncle et ma tante, mais trop jeunes pour en avoir l’autorité ; Francis maintenait avec tous des relations amicales mais n’avait pas grand -chose à leur communiquer ; cependant ce grand-père, que je confonds toujours dans une mémoire intéreure avec un homme noir du même âge, Uncle Bill, connu sur une ïle, dans une autre vie, peut-être à cause de son goût pour les chemises à carreaux écossais, une sorte d’effluve atmosphérique , ce grand-père donc, tenait à remplir ses devoirs et m’invitait à déjeuner « entre hommes » de temps à autre et me remettait un peu d’argent de poche. La mère de Francis possédait deux maisons côte à côte sur la rive occidentale du bassin d’Arcachon, et c’est là que j’ai pu découvrir l’immensité de l’océan, une fois franchies la pinède et les dunes plantées d’oyats, les rouleaux des vagues jusqu’aux horizons, une extase de beauté. Donc il était temps de me faire entrer au lycée, en sixième ; René connaissait du beau monde et j’ai été accepté au Lycée
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