Un Parcours
compagnon sur ce chemin à frayer vers cet avenir plus vrai et plus conscient.
Je mis beaucoup d’ attention dans les détails, et cette demeure se formait un peu comme une sculpture, les travailleurs saisissaient mes intentions sans besoin d’explications élaborées et ils apprenaient en même temps que moi à réaliser un espace bâti harmonieux ; pour les f initions, j’introduisis des pigments pour lisser les bordures de ciment et les sols et chaque ouverture était unique et donnait sur un aspect, une humeur du jardin tout autour, c’était vraiment de la poésie matérielle. Cl. s’y intéressait de plus en plus , nous choisissions ensemble certains éléments, et il se mit aussi, tout seul, à creuser un bassin autour d’un jeune arbre, à ses heures de « repos » (car nous étions au Matrimandir la plus grande partie de chaque journée), muni d’une barre à mines et d’une pelle à manche court (catta bar et mompti) pratiquait la persévérance et l’efficacité des gestes et de l’effort physique, lui qui aimait à dessiner et broder, avec une patience et une précision impressionnantes. Mais il pouvait aussi s’assombrir et cultiver de la rancœur et le climat émotionnel n’était pas toujours très clair. Quant la maison fut prête, fin Novembre, nous y emménageâmes doucement, sans hésiter devant les tâches domestiques ; je l’avais orientée vers le Matrimandir, comme je souhaitais que chacun le fasse à l’avenir ; il y avait une pièce principale à demi-ronde, comme une grande cabine de vaisseau, séparée par un passage sous deux petites arches d’une autre pièce plus carrée, plus intérieure, d’où montait une échelle de bois vers une petit e chambre rectangulaire donnant sur une grande terrasse. La salle de bains restait celle que j’avais déjà bâtie dans le jardin et servant à plusieurs d’entre nous, ainsi qu’un autre petit édifice continuait de servir de « toilettes » ; seules concessions au « confort moderne », j’avais amené une conduite d’eau et installé un robinet près de l’entrée du milieu, un réchaud à gaz et l’électricité : nous aurions de la musique et nous pourrions écouter l’Agenda de Mère, que Satprem et son équipe avaient pu impr imer sur de petites cassettes – ceci devint l’occasion hebdomadaire de
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