Un Parcours

De plus, j’aimais la compagnie des arbres et j’avais vérifié avec Dorothée, une jeune architecte allemande qui avait participé à la révision des plans de la ville que Sincérité se situait dans une zone « verte » en forme de croissant parallèle à la circonférence de l’aire de l’Unité et il m’apparaissait assez évident que la meilleure façon de créer un environnement naturel comme un grand parc était d’y vivre en y érigeant de tranquilles et discrètes habitations.

Ainsi je me mis à rêver de ce poème de pierre et d’espace que je pourrais bâtir parmi les arbres croissants.

A Certitude, Piero et Gloria avaient donc déjà construit un ensemble de résidences, avec leurs espaces jardins ; l’une d’elles avait été commandée par Shyamsunder, et une autre par Yusuf, le compagnon de Dorothée ; or, apprenant à quel point Dianne souffrait d’être écartée d’Auroville et de son atmosphère, Yusuf proposa de céder temporairement sa maison à Dianne et Johnny W., qui s’était désormais entièrement dévoué à ses soins et à sa bataille devenue la sienne. Cette offre simplifia beaucoup la tâche, car nous pouvions, plusieurs d’entre nous, prendre facilement des tours de service, puisqu’elle était constamment dépendante d’une aide physique, qu’elle préférait venir de ses frères de chemin, plutôt que de professionnels ; cela me permit également d’emprunter à plusieurs reprises la deux-chevaux Citroën que Shyamsunder avait acquise (très myope, il la conduisait le nez contre le pare- brise), afin d’y emmener Dian ne, une fois la nuit tombée et à l’abri de toute indiscrétion, au Matrimandir ; je la portais jusqu’à la première dalle, d’où l’on pouvait encore voir le ciel étoilé… Malgré le manque de fonds, les travaux progressaient ; les douze doubles parois de la chambre intérieure étaient coulées et nous venions de couler à leur tout les douze facettes inclinées de son toit, dont le sommet correspondait et se joignait à l’anneau de l’Unité ; j’étais en train, tout seul à ce moment - là (nous n’étions guère nombreux à pouvoir ou vouloir travailler ainsi toute la journée), de défaire les coffrages du toit, dans une position très rude à maintenir, quant un garçon est arrivé à mon côté ; Claude

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