Un Parcours
A Sincérité, je parvenais à m’occu per du jardin chaque jour un moment ; j’éprouvais de plus en plus le besoin de créer ou d’établir ma propre atmosphère, centrée sur la présence de Mère et Sri Aurobindo, sans interférences ni influences « latérales » et, comme la possibilité de construire à plusieurs un ensemble d’unités plus permanentes semblait impraticable dans un avenir suffisamment proche, je cherchais l’inspiration et le chemin pour réaliser quelque chose d’harmonieux et de durable sans provoquer de remous ; car il devenait évident qu e la construction du Matrimandir s’étendrait sur de nombreuses années, et je ne concevais pas de m’en éloigner. J’en avais un peu parlé à G l. qui, secrètement, prépara pour moi plusieurs croquis d’une unité rectangulaire sur pilotis de béton, des lignes simples et des proportions équilibrées, sans gaspillage d’espace, presque invisible parmi les arbres, correspondant à ce que je lui avais décrit de mon rêve d’habitat. Mais je me rendis compte que, sur le principe de n’ériger aucune structure qui ne soit pas démontable sur la surface de la ville tant que ses études et ses plans ne seraient pas arrêtés, telle décision rencontrerait trop d’opposition. Au cours de randonnées dans l’intérieur des terres, j’avais observé dans certains villages une profusion de pierre de taille ; même les clôtures étaient composées de piliers de granit, plutôt que de pieux de bois ou de bambou, et souvent les bas murs des huttes étaient aussi agrémentés de petits blocs grossièrement taillés ; il y avait dans la région deux sortes d e granit, l’une assez sombre et l’autre plus claire. Je n’aurais pas rencontré d’obstacle si j’avais plutôt choisi de créer ce lieu de vie parmi les résidences construites par Piero, par exemple, comme Elie B. le ferait bientôt, quittant sa hutte pour emm énager dans l’une de plusieurs unités semblables et mitoyennes dans la communauté renommée Certitude qui s’était développée autour d’Auroson’s Home et même Krishna alla y vivre quelques temps ; en fait je n’y ai jamais pensé : c’était depuis le premier instant ce lieu et aucun autre, et sa relation au Matrimandir et au banyan, comme au village voisin de Kottakarai, qui me concernait, me parlait, m’accueillait.
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