Un Parcours

Johnny Walker, un gars originaire de l’aristocratie américaine, qui s’était pris d’affection pour la communauté de Kottakarai depuis plusieurs années et tentait de son mieux d’y utiliser ce qui lui était accessible de la fortune familiale, et connaissait bien Diane et la chérissait, se proposa tranquillement de veiller à ce qu’elle puisse être admise dans une clinique privée de Madras, ou les soins nécessaires pourraient lui être dispensés dans une atmosphère plus paisible. Elle commençait de com prendre mieux l’étendue des dégâts et l’énorme travail de récupération qui l’attendait ; elle refusa dés le début de se faire opérer les mâchoires et préféra s’adapter peu à peu à une configuration qu’elle parvint à rendre assez harmonieuse avec le temps ; mais les docteurs ne voyaient guère de chances qu’elle puisse retrouver l’usage de ses jambes (elle était paralysée depuis la taille) ; c’était une sorte d’impossible défi à relever, et Satprem ne fut pas étranger à cette qualité de conviction presque superstitieuse qui habita Dianne des années durant, mais lui donna aussi la fortitude et la vaillance de tenir bon et de développer un équilibre plus profond et plus conscient dans tout son être. Souvent de nouveaux arrivants se présentaient au Matrimandir, offrant d’y participer ; nous posions peu de questions, nous en remettant à la force même du travail – qui n’était pas seulement un travail physique, mais engageait tout l’être ; il y avait donc de fréquents changements dans les équipes. Parfois aussi, probablement dû à un certain degré de conflictualité, l’atmosphère exerçait une attraction quelque peu malsaine sur des caractères instables ou désemparés, en quête de nourriture vitale et d’identité, qui débarquaient on ne savait d’où et, tôt ou tard, se mettaient à délirer ; il fallait s’en occuper, les raccompagner loin d’Auroville ou les renvoyer chez eux, si c’était possible. Longtemps je m’attendais à ce que le choix d’un individu de se donner à Auroville, au travail de Mère, de Sa Conscience-Force dans cette représentation d’humanité acceptant de s’offrir à la fois personnellement et collectivement, que ce choix était suffisamment fondé et ne pourrait que se renforcer ou se confirmer avec le temps ; mais il n’en était pas ainsi, et le chemin d’une p ersonne ne

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