Un Parcours
physiquement en érigeant la première clôture autour de leurs huttes regroupées tout près de Sincérité, à « Fidélité » ; ceci provoqua une grande tension, jusqu’à ce qu’ils consentent à émigrer sur une autre terre d’Auroville, de l’autre côté de la grand route, q u’ils nommèrent « AuroBrindavan » ; pourtant c’étaient des personnes que je respectais, Juergen et Vera (la sœur d’Ina) étaient de beaux êtres, très engagés, et j’avais alors grand peine à comprendre ce besoin de s’en remettre à quelconque intermédiaire, au lieu de se tourner tout entier vers Mère et Sa Force. Pareillement, les « neutres » se référaient à l’autorité de Panditji, qui avait beaucoup œuvré pour Mère à une certaine période de Son chemin dans la conscience matérielle, et officié en tant que guru tantrique auprès de Satprem durant plusieurs années, ainsi que de plusieurs autres enfants de Mère, qui avaient besoin de maîtriser leur être vital pour l’offrir au changement. Ce que je comprenais mieux, c’étaient les reproches que tous pouvaient se faire mutuellement, quant aux attitudes prises, aux prétentions, aux exclusivismes, aux vertueuses indignations et aux étroitesses morales, puisqu’il était assez facile de les repérer en soi- même ou d’en être rebuté chez les autres, de quelque bord qu’ils se trouvent ; cela me permettait souvent de retenir ou de nuancer mon j ugement, et comme j’avais vécu en première ligne les effets du rejet et de la condamnation en tant que personne, il m’était plus facile de rétablir une perspective un peu moins limitative. Mais comme cela m’empêchait aussi de prendre nettement parti, j’étais souvent relégué à la cohorte des suspects, et je n’étais donc finalement nulle part ou, pour le dire autrement, cela me laissait relativement libre. Au fur et à mesure cette liberté m’est devenue plus précieuse. Il y avait ainsi un certain écart entre nos approches personnelles de l’urgence de la construction du Matrimandir ; il était possible de verser dans diverses sortes de fanatisme, et plusieurs voix commençaient se s’élever, soi -disant au nom de Mère et de la Vérité, qui ne s’accordaient guère ; chacune de ces voix revendiquait l’aval de Mère, et pourtant elles se contredisaient dans
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