Un Parcours

Naturellement, nous étions à la recherche de matériaux et de techniques alternatives dans tous les domaines, de la construction à l’artisanat, de la fabrication d’un four à pain à celle d’une toiture, et les anciennes pratiques et connaissances locales étaient un constant sujet d’étude, que ce soit celle des plantes médicinales ou de la manufacture des outils. Et malgré le fait que certaines castes aient émigré, désertant les villages voisins, nous constations journellement la capacité formidable d’adaptati on créative qui se trouvait comme en attente dans la plupart des villageois qui venaient travailler avec nous, et nous assistions souvent ainsi à une sorte d’épanouissement soudain, la révélation d’un potentiel presque illimité. Dans le travail quotidien, des fondations de respect mutuel s’établissaient peu à peu ; nous étions ces « fous » sans castes ni règles, déterminés, rêveurs et concrets et aventureux, et le langage du cœur semblait le plus sûr et le plus prometteur. A Sincérité, nous fîmes quelques essais de matériaux ; Gérard C., de quelques années plus âgé, avait étudié la technique nouvelle du fibro ou ferro ciment et nous décidâmes de l’utiliser pour la t oiture d’un premier appentis, où garder les outils de jardinage ; je fis venir des pierres de taille pour la construction des murs et nous fîmes les cadres des fenêtres et la porte avec du bois de récupération (et cet appentis est toujours là, sans fuite ni dommages). Puis je fis venir une équipe spécialisée pour le forage d’un puits, afin que nous cessions de nous approvisionner au puits du Banyan qui desservait la construction du Matrimandir ; Joss, qui avait initié une forêt indigène à « Pitchandikulam », un peu au Sud, sur le « chemin ensoleillé » qui reliait en droite ligne le Matrimandir au S amadhi, chemin que l’on ne pouvait suivre entièrement dans la réalité physique de Pondichéry, mais que nous considérions comme très réel sur un plan subtil, chemin qui d’ailleurs suivait un grand canyon jusqu’à Nandanam où vivaient alors Satprem et Sujata avant d’arriver à Muthialpet, m’envoya un drôle de bonhomme, Sakravarthi, un sourcier qui détectait la présence d’une rivière souterraine et d’une bonne nappe d’eau à l’aide d’un morceau de bois de neem, d’une forme naturelle un peu sinueuse, un peu

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