Un Parcours

L‟épreuve de la confiance

Le soir du 13 j’arrivai près de l’Ashram. Je n’avais qu’un sac à l’épaule, un sac de cuir que j’avais moi même coupé et cousu, contenant mon exemplaire de « Savitri », mon enveloppe avec les choses de Mère, quelques vêtements de rechange. Nata n’était pas chez lui. Je laissai mon sac sur le trottoir devant sa porte et m’en fus à l’Ashram. A peine entré, au bord de la cour intérieure du Samadhi, c’est le sourire de Fabienne que je rencontrai, immédiat, paisible, dans la mouvance tranquille de tous ces êtres qui formaient ma famille de toujours. On entendait la voix de Mère par les fenêtres ouvertes de Sa chambre au- dessus des branches de l’arbre de « Service » ; parfois comme un gémissement. Quand je retournai à la maison de Nata, Maggi et lui étaient rentrés ; leur affection, leurs bras tendus. Nata me dit qu’en voyant le sac, serti de galets de l’océan, il avait de suite deviné que j’étais rentré. Il était tard. Il m’envoya dormir dans une maison près de la mer qui servait de relais et de reposoir pour certains de ceux qui travaillaient à Auroville. Un autocar s’apprêtait juste à partir, pour conduire au Matrimandir un groupe de volontaires pour un bétonnage continu de plusieurs jours qui avait commencé le jour même. Je restai dormir là, sur le toit, veillé par un paon. Ce n’est que le lendemain matin que je me rendis à mon tour au Matrimandir. Presque 4 ans plus tôt, à nos premières rencontres à Pondichéry, 4 d’entre nous nous étions tellement reconnus qu’il nous avait paru évident que nous avions ainsi été guidés dans l’accomplissement d’une promesse ancienne : M’zali, que Mère nomma Krishna, François Ga, Gérard M et moi. Quand j’arrivai au Centre ce matin - là et m’approchai du bord du cratère dont ne dépassaient que 4 tours de bois, c’est simultanément dans la vérité physique absolue du Matrimandir et dans les yeux de Gérard que je plongeai et fus accueilli.

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