Savitri - Book Two - Canto 6

Her sorrow into a magic crown of song. Brief are her snatches of felicity That touch the surface, then escape or die: A lost remembrance echoes in her depths, A deathless longing is hers, a veiled self's call; A prisoner in the mortal's limiting world, A spirit wounded by life sobs in her breast; A cherished suffering is her deepest cry. A wanderer on forlorn despairing routes, Along the roads of sound a frustrate voice It guards the phantoms of a soul's dead hopes And keeps alive the voice of perished things Or lingers upon sweet and errant notes Hunting for pleasure in the heart of pain. A fateful hand has touched the cosmic chords And the intrusion of a troubled strain Covers the inner music's hidden key That guides unheard the surface cadences. Yet is it joy to live and to create And joy to love and labour though all fails, And joy to seek though all we find deceives And all on which we lean betrays our trust; Yet something in its depths was worth the pain, A passionate memory haunts with ecstasy's fire. Even grief has joy hidden beneath its roots: For nothing is truly vain the One has made: In our defeated hearts God's strength survives And victory's star still lights our desperate road; Our death is made a passage to new worlds. Forsaken cries to a forgotten bliss. Astray in the echo caverns of Desire,

Son chagrin devient une couronne qui chante. Brèves sont ses périodes de félicité Qui touchent la surface, puis s’enfuient ou périssent : Une mémoire perdue résonne au fond d’elle, Un besoin qui ne meurt pas, l’appel d’un soi secret ; Prisonnier dans le monde limitant du mortel, Un esprit blessé sanglote dans sa poitrine ; Une chère souffrance est son cri le plus profond. Vagabonde de périples désespérés, Le long des routes du son une voix frustrée, Abandonnée, implore un bonheur oublié ; Perdue dans les cavernes du Désir, elle garde Les fantômes des espérances mortes d’une âme Et préserve en elle les voix de choses défuntes

Ou s’attarde sur de douces notes errantes Pourchassant le plaisir au cœur de la peine.

Une main fatale a touché les cordes cosmiques Et l’intrusion d’un élément de trouble Recouvre la clé de la musique intérieure Qui guide, inaudible, les cadences externes. C’est pourtant une joie de vivre et de créer, Une joie d’aimer et de peiner malgré l’échec,

De chercher même si ce que nous trouvons nous trompe Et ce sur quoi nous comptons trahit notre confiance ; Quelque chose au fond d’elle valait toute la peine, Une mémoire passionnée du feu de l’extase. Même le chagrin a de la joie, sous ses racines : Car rien n’est vraiment vain que l’Un a créé : Dans nos cœurs défaits la force de Dieu survit, L’étoile de la victoire nous éclaire encore ; Notre mort nous entraîne à des mondes nouveaux.

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