Savitri - Book Two - Canto 2

This fallen world became a nurse of souls Inhabited by concealed divinity. A Being woke and lived in the meaningless void, A world-wide Nescience strove towards life and thought, A Consciousness plucked out from mindless sleep. All here is driven by an insentient will. Thus fallen, inconscient, frustrate, dense, inert, Sunk into inanimate and torpid drowse Earth lay, a drudge of sleep, forced to create By a subconscient yearning memory Left from a happiness dead before she was born, An alien wonder on her senseless breast. This mire must harbour the orchid and the rose, From her blind unwilling substance must emerge A beauty that belongs to happier spheres.

Déchu, ce monde devint une nourrice d’âmes Habitées par une divinité invisible. Un Etre s’éveilla dans le vide insensé, Nescience tendue vers la vie et la pensée, Une Conscience arrachée du sommeil. Tout ici est mené par un vouloir automate. Ainsi tombée, frustrée, dense et inerte, Sombrée dans une torpeur inanimée, La terre gisait engourdie, forcée de créer Par l’élan d’un souvenir subconscient D’un bonheur déjà mort avant qu’elle ne fût née, Une merveille étrangère sur sa poitrine. Cette bourbe doit nourrir l’orchidée et la rose, De sa substance résistante doit émerger Une beauté venue de sphères plus heureuses. Telle est la destinée qui lui fut impartie, Comme si un dieu tué avait légué son or A une force aveugle et une âme emprisonnée. D’une immortelle déité les parts périssables Elle doit reconstituer de fragments égarés, Reformuler, d’un document ailleurs entier, Elle porte toutes choses dans sa poussière. Son énergie géante, dans le lent mouvement De sa puissance, rivée à des formes mesquines, Ne disposant que de frêles instruments, Elle a accepté pour le besoin de sa nature Et donné à l’homme pour sa tâche formidable Un labeur qui pour les dieux serait impossible. Une vie qui peine dans un champ de mort Revendique sa part d’immortalité ; Son titre incertain à son Nom divin. Un résidu pour son seul héritage,

This is the destiny bequeathed to her, As if a slain god left a golden trust To a blind force and an imprisoned soul. An immortal godhead's perishable parts She must reconstitute from fragments lost, Reword from a document complete elsewhere Her doubtful title to her divine Name. A residue her sole inheritance, All things she carries in her shapeless dust. Her giant energy tied to petty forms In the slow tentative motion of her power With only frail blunt instruments for use, She has accepted as her nature's need And given to man as his stupendous work A labour to the gods impossible. A life living hardly in a field of death Its portion claims of immortality;

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