Savitri - Book Six - Canto 2

A passage from Matter into timeless self. Adventurer through blind unforeseeing Time, A forced advance through a long line of lives, It pushes its spearhead through the centuries. Across the dust and mire of the earthly plain, On many guarded lines and dangerous fronts, In dire assaults, in wounded slow retreats, Holding the ideal's ringed and battered fort Or fighting against odds in lonely posts, Or camped in night around the bivouac's fires Awaiting the tardy trumpets of the dawn, In hunger and in plenty and in pain, Through peril and through triumph and through fall, Through life's green lanes and over her desert sands, Up the bald moor, along the sunlit ridge, In serried columns with a straggling rear Led by its nomad vanguard's signal fires, Marches the army of the waylost god. Then late the joy ineffable is felt, Then he remembers his forgotten self; He has refound the skies from which he fell. At length his front's indomitable line Forces the last passes of the Ignorance: Advancing beyond Nature's last known bounds, Reconnoitring the formidable unknown, Beyond the landmarks of things visible, It mounts through a miraculous upper air Till climbing the mute summit of the world He stands upon the splendour-peaks of God.

Un passage de la Matière à l’être éternel. S’aventurant ainsi dans le Temps aveugle, - L’avance forcée d’une longue suite de vies, Poussant son fer de lance à travers les siècles, Dans la poussière et la boue de la plaine terrestre, Sur des lignes gardées et des fronts dangereux, En terribles assauts, en retraites sanglantes, Défendant le fort bombardé de l’idéal Ou luttant malgré tout dans des postes isolés, Campée dans la nuit autour des feux de bivouac Dans la lente attente des trompettes de l’aube, Dans la faim et dans l’abondance et dans la douleur, A travers le péril et le triomphe et la chute, Par les vertes allées de la vie, par ses déserts, Ses landes pelées, ses crêtes ensoleillées, En colonnes serrées, ses arrières dispersées, Menée par les fanaux de son avant-garde, L’armée du dieu nomade s’achemine. Plus tard est enfin éprouvée la joie ineffable, Alors se souvient-il de son soi oublié ; Il a retrouvé les cieux de son origine. Enfin la ligne indomptable de son front Force les dernières passes de l’Ignorance : Franchissant les bornes ultimes de la Nature, Une éclaireuse dans le formidable inconnu, Par delà tous les repères du monde visible, Elle monte dans le miracle d’un autre air Jusqu’à ce que, gravissant le dernier sommet, Il se tienne sur les cimes splendides de Dieu.

“In vain thou mournst that Satyavan must die; His death is a beginning of greater life,

« Tu te lamentes que Satyavan doive mourir ; Mais sa mort est le début d’une vie plus grande,

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