Lettres à Divakar jusqu'à 2005
Et tout le problème est là, n’est-ce pas ? Que les gens acceptent de bousculer leur architecture intérieure, qu’ils acceptent d’éclairer ces simplicités-là puis de les voir. Et ce que tu me dis de l’éclairage que peuvent à cet égard apporter les physiques modernes est de la plus grande importance : cette harmonie avec la matière, cette preuve apportée selon toi par ces sciences actuelles, a pour moi quelque chose de comblant. Et je pense qu’il faut, qu’à partir de ton intuition, de ta pensée, tu continues à travailler, à écrire. Absolument. … J’espère avoir réussi à te transmettre plus directement l’impression et l’écho créés en moi par ton témoignage … et j’insiste sur le souffle poétique qui l’habite ! … Pour mon retour, René parle en effet de m’accompagner ; mais avec toujours autant de contradictions, ou plutôt d’ambivalence. Bien sûr je conçois qu’on puisse éprouver à l’égard d’Auroville bien des sentiments ! Et les critiques de René sont loin d’être toutes fausses. Je n’oublie pas non plus que durant la moitié de son séjour à Auroville il s’était montré très agréable ; mais il y a eu l’autre moitié ; il y a le style des critiques, et cette fâcheuse tendance à m’accuser, moi, si tel Aurovillien a dit ceci, fait cela… Et je n’en veux pas, je le lui ai dit récemment. Mais il semble peu disposé à envisager de renoncer à ses réactions viscérales (ni à un certain niveau de « curiosité »). Sans doute y a-t-il de ma part une légèreté insuffisante devant tout cela ; et je ne vais pas « prendre la décision » d’être légère, car cette légèreté doit être un effet d’une attitude qui se passe ailleurs. En réalité j’ai fait beaucoup, beaucoup de progrès cette année, mais je ne veux pas que mes semaines aurovilliennes
soient le moins du monde dérangées. Bref, ça se discute entre René et moi.
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