Lettres à Divakar jusqu'à 2005
15-11-84
Aimé,
Je ne suis pas près d’oublier ta phrase, à propos d’Indira et de tout : « Le drame est aussi faux que l’insouciance »… … J’aime énormément cette phrase, comme tant et tant d’autres que tu écris qui savent si bien, en peu de mots, transmettre la force et la justesse de la pensée. Je te l’ai dit souvent : cela désigne en moi ces choses que je ressens et m’aide ainsi à les libérer d’une sorte d’environnement de « petites pensées » qui m’encombrent ; cette maîtrise dont m’a parlé ta lectrice du Seuil, est extrêmement « libérante ». Ainsi, en l’occurrence à propos d’Indira : alors qu’au fond de moi je pense et partage tout à fait ce que tu dis, d’une part c’est comme si je laissais ça s’amenuiser sous des formulations teintées de contradictions vaguement inquiètes, tandis que d’autre part je ne sais comment répondre à Barbara dont les réactions autour d’Indira me paraissent à la fois très belles mais avec quelque chose « en trop », ça file trop haut. Alors justement, grâce à toi et à ton sens profond du rapport entre les choses, je vais pouvoir lui répondre tranquillement. Et maintenant : Il est évident que je traverse toujours cette période difficile dans la transmission, par les mots, de mes pensées. J’ai confiance, soit dans cette période elle-même, soit dans l’issue. Mais je commence à en avoir un peu marre, et je me méfie de ne pas m’installer dans le confort apparent de cette place d’attente entre deux eaux. Et voilà que ce « marre » se transforme en colère et en tristesse lorsque je constate à quel point je me suis donc mal exprimée à propos de ton manuscrit ! C’est un comble !
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