Lettres à Divakar jusqu'à 2005

elle-même, disposant son corps sur le divan de l’atelier, bien étayé par des coussins pour soutenir la voussure de son dos ; et, comme l’écrivit Olga plus tard, je crois que nous l’avons honorée. Nous la gardâmes ainsi 24 heures, dans son environnement et son harmonie ; dans la journée du lendemain, le jour de ma fête, nous fîmes transporter son corps dans un lieu spécialisé, où il fut placé dans une boîte ouverte au milieu d’une pièce silencieuse et climatisée où il était possible de venir le voir. Le 12 avril, à 17h. son corps, dans cette même boîte maintenant close fut introduit dans l’espace de crémation ; nous étions peut-être une vingtaine de personnes (je n’avais pas ressenti la moindre nécessité de convier qui que ce soit d’aucune manière et ne se trouvèrent présents que ceux qui l’avaient été les semaines précédentes, ainsi que quelques personnes, prévenues par un ancien membre du réseau, qui avaient partagé avec elle cette période de résistance commune (il y eut même une couronne de fleurs envoyée par l’Ambassade d’Algérie) ; nous avions écouté ensemble la musique d’Anouar Brahim que Colette avait tant aimée – Christiane m’avait informé de cette possibilité et cela nous convint à tous, et il n’y eut aucun discours. Il me fallut une dizaine de jours pour tout mettre en ordre, emporter en Bretagne tout ce qu’elle aurait souhaité garder (l’appartement que Colette et René avaient occupé pendant plus de 40 ans serait récupéré par ses propriétaires, bien que notre amie Laure obtint un délai d’un an, durant lequel Auragni put continuer d’y vivre), rencontrer le Notaire, et régler les affaires bancaires et autres. Je rentrai à Auroville le 24 avril. Le 6 mai, jour de la fête de Colette, à Sincérité, toute sa « famille » aurovillienne se réunit pour déposer les cendres de son corps dans la terre, avec une pousse d’un arbre qui un jour deviendra peut-être un géant.

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