Lettres à Divakar jusqu'à 2005

Pourrait-on dire que vis-à-vis de la conscience nous sommes tout à la fois contenant et contenu ?

Il est sûr que je voudrais parvenir à me rapprocher le mieux possible de ce travail de liaison (et de détachement selon ce que tu m’écris) pour atteindre ce « rassemblement », le moment venu auquel je suis attachée : « être conscient du moment où l’on part ». J’ai eu l’agréable surprise en dînant avec Berthe F. de découvrir que c’était pour elle aussi, essentiel. Se pose alors la question qui me préoccupe : la douleur. Comment se rassembler si la douleur obscurcit la conscience ? Comment le faire si celle-ci est atténuée par des calmants ?…

Colette.

***

Lundi 5-7-04

Aimé,

Eh bien j’avais décidé de t’écrire hier soir ; mais voilà : je suis rentrée à la maison à 21 h (après un long embouteillage Porte d’Italie), morte de fatigue et de sommeil, le temps de prendre un bout de soupe et j’étais au lit à 9 h 30 et sitôt endormie. En fait, j’étais sous le coup de l’abondance de dialogue avec Olga qui pour la première fois m’a livré toute cette période de sa vie où elle a été en prison pendant deux ans, torturée par les militaires ; elle m’a décrit son arrivée en France peu après sa libération, débarquant à Lille au lieu de Roissy à cause d’une grève générale, sans connaître un mot de français, etc. Et surtout l’incroyable énergie qu’elle a déployé pour tenir tête aux militaires, être transférée dans une autre partie de

1573

Made with FlippingBook flipbook maker