Lettres à Divakar jusqu'à 2005

progression, en clarté d’esprit. Et je crois bien transmettre ça à mes patients. Mais l’attente traditionnelle de l’autre, comme elle est là, présente, tordue, perverse au besoin : imagine-toi que je suscite l’admiration (celle qui m’énerve justement !) sur mes capacités intellectuelles, ma présence aux choses, mon organisation… ; toujours sous-entendu : « à votre âge » ; sous-entendu encore : âge = vieillesse ; autrement dit, le caractère projectif de ces équations. Agacée, il m’arrive de répondre qu’il n’y a rien d’exceptionnel à ça, que plus on avance en âge et plus on développe certaines capacités ; etc. En fait les vrais amis ne tombent pas dans ce panneau. Par ailleurs, j’admets l’étonnement de certains médecins, habitués à rencontrer statistiquement ( !) d’autres façons de « vieillir ». (Il est évident que je me sens inévitablement ralentie par ma condition physique ; c’est à moi de trouver l’attitude la plus satisfaisante, à la fois d’adaptation et d’ouverture. Hier, obligée de prendre le métro, faute d’autobus arrêté par une manifestation, voilà que je me suis trompée dans la correspondance et me suis infligée la montée de douze escaliers et pas des moindres ! Tout ça pour te dire que j’accepte d’être circonspecte et de bien évaluer les « mauvais pas », à l’avenir. Trop d’escaliers, je ne me le conseille pas !...) Alors, le problème technique : le travail de conscience auquel je tiens de plus en plus, c’est le grand problème bien sûr ! Tu m’as souvent dit, oui, sa dimension au-dedans, derrière les émotions, et le cœur. Et j’ai du mal à me représenter le chemin. Peut-être faut-il justement que je me détache de cette nécessité pour moi de la « représentation » ? Cependant les choses deviennent plus claires lorsque je comprends que la conscience est autour, environne le corps. Ainsi, me semble-t-il, pourrais-je établir le lien – et comme tu le sais, la notion de lien m’est nécessaire.

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