Lettres à Divakar jusqu'à 2005

condition c’est en effet l’absence de douleur. Que l’on peut calmer, certes, mais alors la conscience s’endort-elle ? (Sans doute Kusum était-elle suffisamment évoluée ?!) Mais ce qui me reste à te décrire est, je disais, plutôt « rocailleux » ! Je me déçois depuis quelque temps, cela ne me ressemble pas, je ne suis pas du tout contente : c’est comme si je me laissais avoir par l’âge. Je n’oublie pas que, plus d’une fois, j’y ai fait allusion devant toi, ne serait-ce que par le démenti qu’oppose l’âge aux projets que je ne manque jamais de faire. Mais, là, je le mesure comme si ça m’était tombé dessus. Je sais le rôle que joue la fatigue éprouvée lors de ces récents mois, et celui que joue le « moral » sur la fatigue. En fait, je me rends compte combien tout ça est difficile à exprimer. Ai-je peur ? Je ne le crois pas, sauf peut-être, étant donné mon caractère et surtout les nécessités d’organisation que je connais depuis plusieurs mois, celle de ne pouvoir … prévoir mon départ ! Et je sais l’absurdité de se gâcher l’horizon qui reste à découvrir !! Il y a un débat entre forces antagonistes, sans doute. Il faut que je la trouve, que je la crée cette bonne distance dont je ne cesse de vanter les mérites ! Il faut cependant être réaliste, sinon on se perd en chemin : il est parfaitement compréhensible qu’une faiblesse respiratoire modifie certains schémas, avec l’image de soi. Je m’emploie à travailler ça le mieux possible. Et puis je continue, comme toujours, à faire des projets tout en percevant de manière plus pressante la barre indépassable. En définitive, la question essentielle, c’est ma possibilité d’approche de ce que sera ma conscience le moment venu. Alors, comme tu m’as dit au téléphone, - ce ne sont pas tes mots, mais l’idée y est – on va y travailler. (Il faut que j’ajoute un élément important dans le trouble que j’éprouve maintenant : personne autour de moi, sauf les intimes, n’imagine mon âge. Cette « qualité » que j’ai toujours connue en moi, se retourne désormais contre moi en me propulsant sur le champ dans la réalité.)

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