Lettres à Divakar jusqu'à 2005
pré souvenirs. Je te raconte : j’étais très présente à ce que me disait une patiente m’expliquant qu’elle avait aperçu dans ses recherches une maison avec un petit jardin donnant sur tel boulevard… C’est alors que, sans la moindre pause, le moindre espace de pensée associative, dans une totale surprise, le souvenir me traverse l’esprit, ou bien plutôt le centre du corps : « jardin – fleurs – tournant d’un massif, hôpital Sainte Anne, silhouette de René derrière la fenêtre de sa chambre me disant au revoir et moi, en bas, lui répondant… ». C’est tout, mais c’est saisissant au sens fort du terme, et d’une présence troublante, qui est restée ainsi deux ou trois jours. D’autant plus surprenante que je suis habituée dans mon travail à établir pour les patients ou pour moi-même des liens, lorsque cela s’impose – curieuse mémoire, mais, j’y pense, là, à l’instant : peut-être que la scène en question avait été vécue corporellement, physiquement, avec une importante participation de la vue : silhouette, fleurs, geste. En ce cas, la situation est revenue sans mots intermédiaires, et a retrouvé le chemin ancien, la trace émotionnelle, tout simplement.…
Colette.
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