Lettres à Divakar jusqu'à 2005
Mais il me reste à rôder la bonne attitude intérieure qui ne soit en aucun cas indifférence ni non plus excès de compassion (on rejoint ici la nécessité de la « tenue ») : le voici, victime de ses petites maladies autant que de sa force d’inertie, et Dieu qu’elle est forte, autant que de sa paresse, ne mettant plus le nez dehors et comptant sur Odile et sur moi pour lui apporter tout rôti dans le bec ce dont il a besoin. Autrement dit, c’est une triste vie (à moins que, j’y pense, ce ne soit là que mon seul point de vue ?). … Je suis toujours et de plus en plus stupéfaite par la situation aurovilienne (c’est gentil de me tenir au courant comme tu le fais de cet « état des lieux »). Il y a des pensées qui, comme ça, offrent pleinement l’espace à quelques évidences apparemment bien connues : ainsi ce matin, après mon petit-déjeuner, moment encore proche du sommeil et propice au surgissement, cette remarque m’est venue à l’esprit à propos d’Auroville : « et tout ça pour des jardins… ! » ; ce qui a dégagé plus fortement que jamais les composantes du conflit : le suivisme de la majorité autour du leader Roger, le besoin acharné du pouvoir, le rapport de forces où se mêlent le politique et l’affectif, l’émotionnel (conflit de personnes) etc. Bon, réflexions qui ne sont pas nouvelles mais dont l’apparition tout à l’heure au petit matin a apporté un éclairage incontournable, comme on dit. Et c’est navrant de voir que les inévitables heurts qu’une entreprise telle que celle d’Auroville ne pouvait pas ne pas rencontrer se soient fixés avec une telle énergie déviée, pervertie. Du coup, mon « tout ça pour des jardins » m’a contrainte évidemment à me tourner vers vous-l’équipe par scrupule, dirais-je, parce que je partage entièrement votre point de vue. Ce scrupule est une façon de rejoindre ce que tu m’écris à propos du jeu que l’on est soi-même amené à jouer par suite des petits aveuglements et autres réactions
1530
Made with FlippingBook flipbook maker