Lettres à Divakar jusqu'à 2005

J’ai évidemment bien appris qu’on ne passe pas d’un domaine du psychisme à un autre de façon homogène. L’hétérogène est parfois dur, trop contrasté, créant des troubles ; c’est pourquoi ce travail de liaison en psychanalyse parvient assez bien à lutter contre les dé liaisons pathogènes (j’apprends aussi que le travail de la Conscience évite les errements que mon modèle psychanalytique implique sûrement ; toutefois il a souvent une utilité). Je me suis inventé une méthode – l’ai-je inventée ou ai-je plutôt utilisé certains signes qui me parviennent dans mon travail - ; je crois t’en avoir parlé un jour, elle est très efficace pour moi et il m’est arrivé de pouvoir la suggérer à certains patients… Prenons une fin de journée : on ne se sent pas à l’aise ; on ne sait pas pourquoi ; une fatigue, la conscience lourde… Alors, patiemment, comme on tire un écheveau, fil après fil, on remonte les instants de la journée, et puis, soudain, on retrouve presque rien, une pensée fugace, un « fantasme », un léger agacement, ou bien un élément qu’on a vite écarté. Ce peut être aussi une perception, un désir, une satisfaction elle-même écartée, etc. Et tout ça – qui m’est souvent arrivé – provoque un développement, un éclairage qui, sans ce petit travail de fourmi, aurait échappé plus ou moins longtemps, alors qu’en fait ce n’est pas si loin, dans le « préconscient » comme on le dit chez les « psy ». Voici donc comme un outil, une lorgnette… Je vois ça … comme une orée, au besoin complémentaire du grand travail de conscience… Je pourrais dire que ce petit travail … apparemment parcellaire, ouvre sur tout le psychisme. Et je me dis qu’il peut très bien ouvrir sur toute la conscience si c’est elle, essentiellement, avant tout, qui se trouve au travail, avec l’expérience que tu en as… Du coup, il ne me semble pas que ce serait une perte de temps, ni un dévoiement, ni une dérive que de t’« amuser » à ce jeu : non pas seulement bien sûr à partir de ton retour, mais pendant ces cinq semaines de ta Présence ici.

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