Au sujet d'Auroville 2022-2025
habitant un espace ovale (correspondant aux dimensions dix fois multipliées de la sphère aplatie aux pôles) ; puis un cours d’eau tout autour – un canal de largeur variable, d’une profondeur maximale de 3.50m – et le parc de l’Unité, ou les jardins extérieurs, habité par de grands arbres d’espèces différentes et modelé en contours ; to ute l’aire serait bordée par une voie circulaire et l’accès principal serait probablement situé à l’Ouest. Durant cette période, nous avions ainsi travaillé, sous l’égide de Narad à qui Mère avait confié cette responsabilité, à la formation de ce doux vallonnement et à la plantation d’arbres venus du monde entier, que Narad disposait par couleurs et canopées. Auroville n’avait pu encore acquérir tous les terrains adjacents et par conséquent nous ne pûmes créer cette base que sur les deux tiers environ de sa future surface. Lorsque, plus tard, Roger revint à Auroville, il confirma d’abord cette configuration en exécutant avec sa nouvelle équipe un plan plus détaillé, respectant tous les éléments et leurs relations. Mais son sens esthétique demandait une approche visuelle de l’objet architectural central, qui devait être vu de toutes les directions et sans obstruction ; son impact sur la ville devait être direct et dominant. Une solution se présenta à lui, inattendue : un ingénieur, ami d’Auroville, apport a une étude et un plan d’un système de collection et de distribution d’eau dans Auroville dont l’élément majeur serait un grand lac occupant tout l’espace de l’aire des jardins extérieurs ; comme cette étude semblait bien conçue et réfléchie et s’adressait à une situation réelle pour l’ensemble de la ville à venir, Roger y vit une aubaine à exploiter. Parallèlement, Roger avait été nommé membre du Conseil Gouvernemental en tant qu’Architecte -en-chef (un conflit d’intérêt s’il en fut), tandis que Kireet Jos hi, qui avait été le principal contributeur à la création et formulation de l’Acte de Parlement qui donna naissance à la « Fondation d’Auroville », venait d’être nommé son président ; Kireet était un fervent admirateur de Roger et déclara même, lorsque ce nouveau conflit devint plus critique, avoir reçu l’ordre intérieur de le suivre – de le servir. L’enjeu était profond et déterminant : l’élan initial, maintenu et mûri au cours des années, pour participer à une création collaborative – la Nature, l’homme et le divin se joignant dans un même ouvre pour accueillir, recevoir et servir la Force d’harmonie et de vérité de l’avenir – serait-il compromis et contraint de se soumettre à une démonstration tapageuse des talents et des capacités de l’homme privilégié, une déclaration impérieuse de son perfectionnisme et un glorieux affichage de ses croyances, dans ce grand monde malade et déchiré ? Fallait-il se résoudre à une création purement esthétique, à une perfection minutieusement flamboyante réduisant la Nature à une offrande décorative contrôlée et l’homme à un robot discipliné doté d’un mode d’existence supérieur ? La vérité ne s’annonce pas en roulements de tambours. Notre expérience collective est ainsi en porte-à-faux ; avons-nous donc déjà réalisé notre but ?
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