Au sujet d'Auroville 2022-2025
luminosité au-dedans de la sphère et lui donnerait la teinte de rose orangé de l’hibiscus d’Auroville (« la beauté de l’amour supramental ») choisi par Mère. Il fallait aussi s’assurer d’une imperméabilisation durable de toute la sphère. Cette question des matériaux prenait également une autre valeur : alors que l’alarme se généralisait partout dans le monde au sujet des pollutions émises ou causées par l’usage excessif de matières artificielles, le souci de n’utiliser que des matériaux durables et sains ne pouvait être nié. Ce fut donc à ce moment que le sujet revint en force dans la conscience collective : et nous voici donc dans cette salle de réunion, vibrante de désaccords, d’affirmations et de récriminations. Car certains de nos essais – comme la manufacture expérimentale de panneaux de plastique de couleur translucide qui avait dû être abandonnée, de même que celle de disques de polyester – n’avaient guère rassuré. Quelques-uns de notre équipe du Matrimandir étions assis à un bout de la salle et à l’autre bout se trouvait Paolo parmi beaucoup d’autres ; il y avait depuis longtemps entre Paolo et moi une amitié qui communiquait sans effort et il connaissait mes sentiments et aspirations ; là, il ne comprenait pas ; alors tout à coup il s’est adressé directement à moi d’un bout à l’autre de l’espace, comment pouvais-je défendre ce modèle ? Il n’était pas Aurovilien ; il allait et venait entre l’Ashram et l’ incluse depuis des années, il avait reçu de Mère, en présence de Satprem, Ses premières descriptions de la Chambre intérieure, il avait participé à l’aménagement de Ses nouveaux appartements au deuxième étage du bâtiment principal de l’Ashram, avec leur balcon d’où Elle donnait Ses darshans, il était artiste, architecte et créateur d’environnements, très épris d’harmonie ; son modèle de marbre avait été rejeté, mais il continuait de travailler avec Piero sur tous les détails de la Chambre intérieure ; il espérait encore qu’une autre solution serait recherchée, plus intègre. Comment pouvais-je, là, lui expliquer que nous étions liés par le choix de la communauté et ne pouvions que nous efforcer de le réaliser avec la plus grande perfection et le plus grand soin possibles ? Mon seul espoir, dans ma conscience et mon engagement, d’un équilibre harmonieux qui rétablirait les proportions entre le spectacle e t l’expérience véritable, résidait dans la création accomplie des jardins et du parc, ce parc dont Mère avait rêvé dès Son enfance, le plus bel endroit du monde, au sein duquel cette sphère d’or pourrait se révéler silencieusement. Car il ne s’agissait pas seulement de l’objet en soi – le bâtiment, l’édifice, le monument, le sanctuaire, appelons-le comme on veut -, mais de toute une conduite collective, de toute une approche mentale et émotive, de toute une compréhension de son rôle et sa fonction, de toute une communication future avec le monde, de tout un mode de développement et de manifestation. J’ai alors réalisé à quel point l’on peut être déchiré entre ce que choisit la collectivité et ce que l’on éprouve profondément comme nécessaire et juste et ouv ert à la Vérité qui doit s’incarner sur la Terre. Comment réconcilier les deux expériences, les deux engagements, les deux aspirations – puisque l’aspiration à la cohésion de la communauté et la bonne volonté pour y contribuer sont nécessairement part de n otre service d’Auroville -, comment trouver leur harmonie ?
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