2021 Défaire les murs et aller

Et justement, nous abordons ensemble à présent un territoire et une expérience inconnus, car nous n’avons jamais été si nombreux en même temps dans ces lieux, ni si longtemps à la fois : nous venions et revenions nous ressourcer, nous concentrer, nous laver de toutes les pollutions absorbées lors de nos périples respectifs et seuls deux ou trois d’entre nous constituaient une sorte de permanence. Mais nombreuses de nos destinations sont maintenant ou inaccessibles ou compromises ou atteintes de paralysie, diversement affectées par les « mesures » de l’entreprise d’asservissement qui sévit dans le monde. Il faut par conséquent nous organiser autrement : chacun y réfléchit, sans insistance ni anxiété, à l’écoute du juste progrès. Parfois j’éprouve comme un désarroi sans limites, un désarroi immense, où tout mon être va se noyer : tous les discours sont piégés, toutes les intentions, si éclairées soient-elles, inéluctablement portent les germes de leur défaite ou de leur ruine et l’humanité semble irrémédiablement condamnée. De toutes parts se développe une menace grandissante, et la certitude d’un passage conscient à un Etat de vérité apparaît ainsi telle à un tout petit être sans défense ni recours devant la marée déferlante.

Beaucoup prêchent le détachement comme une condition impérative ; sans ce détachement intégral, disent-ils, nul ne peut être l’instrument effectif de la volonté supérieure, entièrement responsif à son impulsion.

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